Quelles ressources utiliser lors de souffrances au travail?
Photo: Les participants à la soirée
«Plutôt que de nous focaliser sur ce qui ne va pas, nous allons nous intéresser à nos ressources, à ce qui nous permet de rester debout, qu’elles que soient les difficultés que nous rencontrons», annonce l’aumônier catholique Jean-Claude Huot, organisateur de la soirée annuelle vaudoise de la Pastorale œcuménique dans le monde du travail, jeudi 30 avril, à l’église catholique de Renens (VD). Pour aborder le thème de la «dignité au travail, la vivre et l’affirmer», un syndicaliste, un sociologue et un psychiatre ont participé à la réflexion.
«La dignité implique la capacité d’être relié à une communauté, d’offrir un service, mais aussi de s’épanouir et d’être reconnu», explique Pierre Farron, pasteur réformé à la Pastorale œcuménique dans le monde du travail. «La dignité au travail implique une activité à laquelle on peut donner du sens ou de la valeur», ajoute Jean-Michel Bonvin, professeur de sociologie à l’Université de Genève. Et le sens est différent pour chaque personne. «Il peut s’agir du salaire ou le fait de se sentir utile ou la qualité de ce que l’on produit. Si la personne n’arrive pas à donner un sens à son activité, elle pourra en souffrir».
Des conditions toujours plus difficiles«On observe que le monde du travail est devenu plus difficile. Les employés sont davantage sous pression et on leur demande plus de rendement. Il est nécessaire de trouver des ressources pour y faire face», explique Jean-Michel Bonvin, professeur de sociologie à l’Université de Genève. Chaque personne puise son énergie dans différentes sources: «Face aux difficultés, mon premier réflexe est ma foi, je m’adresse à Dieu et cela m’apaise. Je cherche aussi des personnes dans mon entourage à qui je peux en parler», explique une participante. Pour une autre, c’est la reconnaissance: «J’ai beaucoup de chance de pouvoir travailler, dire «merci» m’aide au quotidien». «Moi, je fais des listes de choses positives et je me focalise dessus», ajoute une jeune femme.
«Mais il n’y a pas de fatalité à ce que la vie professionnelle soit aussi dure, il ne faut pas se résigner», ajoute le sociologue. «Tout est gouverné par des choix humains», souligne Pierre Farron. Plusieurs pistes sont évoquées pour améliorer les conditions professionnelles: changer de travail quand c’est possible, revaloriser les syndicats et aussi se mobiliser au niveau individuel et collectif. «Il faut oser le changement. Il faut avoir du courage», exhorte la conseillère nationale socialiste vaudoise, Ada Marra, présidente du Conseil de la Pastorale œcuménique dans le monde du travail qui rappelle que lors de la votation sur le salaire minimum, 76% des votants s’y sont opposés.
La Pastorale oecuménique dans le monde du travailLa Pastorale œcuménique dans le monde du travail offre un soutien gratuit aux personnes qui ont des difficultés professionnelles. Basés à Renens et à Lausanne, l’agent pastoral catholique, Jean-Claude Huot et le pasteur, Pierre Farron, rencontrent les personnes intéressées sur rendez-vous ou lors des permanences. «Notre travail consiste à écouter les gens, à analyser leur situation et à les orienter pour la suite. En écoutant une personne, nous lui montrons qu’elle a de la valeur, que son histoire a de l’importance pour nous», explique Pierre Farron. «Nous ne faisons aucun prosélytisme. La dimension spirituelle entre en jeu si la personne en parle». La pastorale œcuménique s’occupe d’environ 200 dossiers par années et collabore avec d’autres permanences d’accueil dans le canton de Vaud.