Première femme consacrée évêque de l’Eglise d’Angleterre au milieu des controverses

Première femme consacrée évêque de l’Eglise d’Angleterre au milieu des controverses

Au grand dam des traditionalistes, l’Eglise d’Angleterre compte sa première femme évêque. L’archevêque qui l’a consacrée n’officiera pas lui-même lors de la consécration d’un révérend très conservateur, le 2 février prochain, ce qui fait débat.

Photo: ©Phil Noble/Reuters/RNS

, RNS/Protestinter

Plus de 1000 personnes ont assisté à l’évènement, lundi 26 janvier 2015: l’archevêque d’origine ougandaise York John Sentamu a imposé ses mains sur le révérant Libby Lane, faisant d’elle la huitième évêque de Stockport et la première évêque femme de l’Eglise d’Angleterre.

Une grande chorale chantait alors que des évêques du monde entier assistaient à cette cérémonie historique décrite par Justin Welby, l’archevêque de Canterbury comme «une toute nouvelle expression dans notre existence». Le mari de Libby Lane, prêtre ordonné également, observait depuis les coulisses.

Mais tous ne chantaient pas des cantiques dans la joie, lors de cette cérémonie dans la cathédrale médiévale de York Minster, l’une des plus grandes d’Angleterre. Quand John Sentamu a demandé à la congrégation si c’était également leur souhait que Libby Lane soit consacrée comme évêque, une voix masculine solitaire a résonné «Non. Ce n’est pas dans la Bible!» John Sentamu est rapidement passé à la lecture d’un texte dans lequel il disait obéir «à l’ordre de Sa Majesté de procéder à la consécration de Libby Lane.» (La reine Elisabeth II est cheffe suprême de l’Église d’Angleterre.)

Les mains de l’archevêque devenues impures?

Mais les traditionalistes n’ont pas dit leur dernier mot. Le 2 février, le révérend Philip Nord sera consacré évêque de Burnley dans le diocèse de York. Mais John Sentamu n’officiera pas et assistera à imposition des mains sur Philip Nord par deux autres évêques. Philippe Nord est ouvertement opposé aux femmes dans le ministère et il est membre de la très traditionaliste Compagnie des prêtres missionnaires.

Dans un communiqué, le mouvement WATCH, Woman and the Church (femme et Eglise) s’est déclaré consterné par cet arrangement. «Nous pensons qu’il est inédit qu’un archevêque soit présent lors d’une consécration dans sa propre province, sans procéder lui-même à l’imposition des mains», a écrit le mouvement. Mais John Sentamu a déclaré que sa décision n’avait pas été influencée par la «théologie de la souillure». Il a déclaré que de tout temps, les archevêques avaient eu le pouvoir de déléguer une partie de leur rôle de chef consacrant. Il a ajouté que «toute supposition que l’arrangement proposé pour la consécration de l’évêque de Burnley serait influencé par la théologie de la souillure serait une erreur.» La célèbre éditorialiste de «The Independent», Janet Street Porter a écrit dans un billet du dimanche «C’est comme si John Sentamu, l’archevêque de York était devenu impur aux yeux des traditionalistes parce qu’il a consacré une femme –un processus qui a été convenu démocratiquement en nombre dernier, après des décennies de tergiversations.» La journaliste a conclu par une question: «Est-ce vraiment plus moderne que la Charia?»