Lettre ouverte pour défendre les femmes pasteures

Lettre ouverte pour défendre les femmes pasteures

L’idée que la baisse de la fréquentation des Eglises pourrait être lié à la féminisation du métier de pasteur fait un tollé en Suisse alémanique.

Photo: une interview de Gottfried Locher dans la «Wetlwoche» fait polémique. ©Oliver Demont, ref.ch

(EPD/Protestinfo) Une déclaration signée par quelque 150 pasteurs, hommes et femmes et par des étudiants en théologie a été adressée à Gottfried Locher, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Ce texte s’inscrit en faux contre une déclaration de Gottfried Locher cité par l’hebdomadaire «Weltwoche». Le président de la FEPS aurait dit qu’il «n’avait rien contre les femmes pasteures». Mais que lorsque les femmes prêchent, les thèmes, les images et les formulations étaient modifiés. Les hommes ne seraient «plus pris en considération». Dans le journal, Gottfried Locher se serait également plaint d’un certain «élitisme» de la part des réformés.

Rendre les pasteures responsables de la défection des hommes dans les Eglises est injustifié et de courte vue, estiment les signataires de la lettre ouverte publiée il y a une dizaine de jours dans le journal zurichois «Reformierte Presse». L’arrière-plan des absences serait beaucoup plus en lien avec différents développements sociétaux, selon les auteurs de ce texte

Le terme «féminisation» devrait être utilisé avec prudence, en raison d’une connotation péjorative qui conduirait à terme à une diminution de l’activité des femmes dans l’église, écrivent ensemble pasteures et pasteurs. Avec une proportion de 35%, les femmes engagées dans le pastorat sont encore minoritaires dans les Eglises suisses. Avec cela, elles ne peuvent que peu marquer la culture d’une Eglise, dont les offres ne trouvent d’écho que chez une minorité d’hommes.

«Utiliser le concept de féminisation revient à opposer les hommes aux femmes, et nous jugeons cela déplacé et peu pertinent pour une interaction enrichissante entre les femmes et les hommes dans nos Eglises», peut-on lire dans la lettre. Il y est par ailleurs précisé que le fait que les femmes et les hommes aient les mêmes possibilités dans les Eglises réformées est une caractéristique de leur qualité; les signataires aspirent à une égalité effective.

Dans les paroisses, les personnes seraient appréciées indépendamment de leur sexe. La lettre rappelle aussi que ce sont trois femmes que le prix de la prédication a récompensées récemment. Cette distinction montre clairement que de nombreuses pasteures ont la compétence de prendre en compte en paroles et en actes la réalité de vie des autres personnes.

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L'édition du 20 décembre 2014 du quotidien genevois Le Courrier.