Comment faire face au deuil périnatal?

Comment faire face au deuil périnatal?

Mère de six enfants, dont trois sont morts en milieu de grossesse, Sophie Helmlinger raconte comment elle a vécu la perte de ses bébés «même pas nés» dans «Une terrible épreuve», publié à la fin du mois d’août. Cette psychothérapeute, engagée dans l’Eglise protestante unie de France, livre un témoignage poignant entre colère, désespoir et sérénité retrouvée.

«Où étaient-ils? Ce n’était même plus un désir d’enfant qui m’animait, c’était une béance qui ne se refermait pas, un champ de bataille nettoyé de ses morts, qui gardait leur empreinte, un territoire de guerre complètement ravagé, un champ de désolation où seul le silence peut s’exprimer», écrit Sophie Helmlinger, dans son livre Une terrible épreuve, publié à la fin du mois d’août. Cette psychothérapeute a perdu consécutivement trois enfants au milieu de sa grossesse à cause d’une béance du col de l’utérus. A chaque nouvelle épreuve, elle a réussi à briser un peu plus les tabous et donner une place à ses «bébés morts», non seulement en leur donnant un nom, mais en leur disant adieu.

En 1994, la perte de Rachel, a été entourée de silence, sa mère n’a même pas pu voir son corps. «J’ai calqué ma peine sur le silence et le tabou qui régnaient autour de moi, ce silence qui avait commencé avec celui du personnel de la maternité». Trois ans plus tard, le personnel hospitalier propose aux parents de voir Paul. «Nous avons donc vu notre petit garçon, […], d’autres l’avaient vu aussi, il existait bien et comme j’en avais accouché, je devais bien être sa mère».

En 1998, alors que l’épreuve de la perte se reproduit une troisième fois, les parents prennent le temps de dire au revoir à Joseph. «Nous allons devoir nous séparer, […], tu vas sortir de mon ventre, tu vas mourir. […], J’ai beaucoup aimé passer ces cinq mois avec toi, je te remercie pour tout ce que tu m’as donné. Je t’aime mon bébé.» Le père, pasteur, prend le temps de baptiser son enfant mort. Et les parents passent un moment avec le corps de Joseph. Ils envoient également des cartes de deuil à leur entourage où les trois bébés décédés sont mentionnés. Si cette «démarche n’a pas fait que des adeptes», elle a permis d’inscrire dans le temps l’existence des trois disparus. «Grâce à ce morceau de papier, mes petits n’étaient plus perdus; ils n’erraient plus dans un nulle part, ni ici, ni là-bas; leurs mémoires étaient enfin rassemblées dans ce bristol qui prenait ainsi allure de sépulture.»

Un témoignage d’espoir

«A travers ce livre, j’ai voulu montrer qu’il était possible de sortir du chagrin. C’est un encouragement aux personnes en deuil, une façon de leur signifier qu’elles ne sont pas seules», explique l’auteure qui précise qu’elle ne l’a pas écrit dans une démarche thérapeutique. «C’est justement parce que j’étais guérie que j’ai pu l’écrire». En l’an 2000, Sophie Helmlinger a créé avec son mari l’association «Enfants sans nom – parents endeuillés» qui vise à soutenir les parents qui subissent un deuil périnatal. «Les trois décès que nous avons vécus nous ont permis «d’acquérir de l’expérience» dans la façon de faire face à ces pertes», explique la psychothérapeute qui ajoute que tout en étant une croyante à la foi inébranlable, ses études en psychologie l’avaient davantage aidée à surmonter ces trois deuils. «Je ressentais une telle colère et désespérance que ma foi m’embarrassait».

Une terrible épreuve, ma traversée du deuil périnatal a été publiés aux Editions Empreintes, en août 2014.