Les pasteurs de l’Eglise vaudoise devront se former et prêcher régulièrement

Les pasteurs de l’Eglise vaudoise devront se former et prêcher régulièrement

Le Synode de l’Eglise évangélique réformée vaudoise a poursuivi samedi son débat sur le rôle et les fonctions de son personnel, sans toutefois boucler la première des trois lectures nécessaires à une modification du Règlement ecclésial. Les membres du Synode ont renforcé les dispositions concernant la formation des salariés, ministres en particulier, et donné compétence aux Assemblées de paroisse de valider les nominations.

Le Synode, organe délibérant, de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), s’est réuni samedi à Lonay. Les représentants des différentes régions et services de l’EERV poursuivaient leurs travaux de modification des articles du Règlement ecclésiastique qui concernent la théologie des ministères; entendez par là sa politique du personnel.

Menant la traditionnelle méditation qui ouvre chaque rencontre, la pasteure et directrice du Centre social protestant Hélène Küng a eu la métaphore botanique. Elle a invité ses collègues à ne pas oublier, durant leurs efforts de désherbage du règlement, que, quels que soient leurs talents de jardiniers, c’est Dieu qui fait pousser.

Mais ce désherbage a pris plus de temps que prévu! Au fil de la journée, chaque graine plantée et chaque coup de sécateur donnaient lieu à de longs débats entre les partisans des paroisses fortes et les défenseurs de la centralisation au sein des instances cantonales, ou entre tenants de positions théologiques divergentes. Si bien que l’objectif de terminer samedi la première des trois lectures nécessaires à modifier le Règlement ecclésial n’a pas pu être tenu. Une nouvelle rencontre est d’ores et déjà prévue le 4 avril et les membres du Synode sont déjà avertis d’une 4e convocation, probablement en mai.

Le Synode de samedi s’est terminé avant d’entamer la discussion sur la présidence des cultes qui –au vu du débat d’entrée en matière des 14 et 15 février– sera probablement nourri. Néanmoins, plusieurs points ont été traités durant cette journée. Le Synode a ainsi décidé qu’un pasteur de l’EERV devrait suivre une formation continue au moins tous les deux ans, contre quatre actuellement, qu’il devrait prêcher régulièrement et qu’une Assemblée de paroisse, et non le Conseil de paroisse, aurait un droit de véto sur la nomination de son pasteur.

Des ministres mieux formés

Xavier Paillard, vice-président du Conseil synodal, l’exécutif de l’Eglise, s’est livré à un véritable plaidoyer pour la formation, gage, selon lui, de reconnaissance tant des autorités politiques que scolaires. Bien que le membre du Synode Jacques Guignard a défendu l’idée qu’une formation non souhaitée est de l’argent lancé par les fenêtres, le quorum a tout de même accepté la proposition du Conseil synodal d’augmenter les exigences de l’EERV en matière de formation continue. Le Synode n’a toutefois pas donné à son exécutif les moyens d’imposer une formation non désirée à un ministre. Il y a fort à parier que le débat sur ce dernier point reprendra lors de la deuxième lecture.

La formation du personnel laïc a aussi été au cœur d’une partie des débats. Finalement, le Synode a suivi le Conseil synodal dans sa volonté d’exiger de toute personne exerçant une tâche de coordination au sein de l’Eglise d’avoir une formation théologique de base. «Ce que l’on exige d’un pédagogue, on peut aussi l’exiger d’un responsable d’unité», a tranché Xavier Paillard.

Des pasteurs qui prêchent

L’obligation faite aux pasteurs de présider régulièrement les cultes dominicaux a également fait l’objet d’une longue discussion. Sur le fond, ce point ne pose pas vraiment débat et il fait d’ailleurs déjà partie du règlement actuel, en effet la prédication fait partie du cœur du métier de pasteur. Mais dans les faits, cette disposition n’est pas toujours appliquée. Pour y remédier, le conseil Synodal a donc proposé de rattacher à des régions les pasteurs dont le lieu d’Eglise principal n’inclut pas de célébration dominicale, par exemple les aumôniers de gymnases. L’aumônier d’hôpital Alain Martin a rappelé que la préparation et la célébration d’un culte prennent environ un jour et demi. Du temps de travail que les pasteurs concernés ne pourraient alors plus consacrer à leur mission sur le terrain. Les élus de l’Eglise ont finalement décidé de suivre la proposition du Conseil Synodal sans inscrire dans le règlement un nombre de cultes minimums annuel, laissant cela aux convention collective et cahier des charges. Le Conseil synodal s’était prononcé pour 8 cultes annuels et la commission d’examen pour 12.

Des nominations validées par les Assemblées de paroisse

Autre point marquant des débats de samedi, le Synode a attribué à l’Assemblée paroissiale la responsabilité de valider la proposition de nomination des ministres paroissiaux, et non au Conseil paroissial comme proposé.

Tenant compte du long débat d’entrée en matière des 14 et 15 février, le Conseil synodal est arrivé samedi avec une nouvelle proposition, acceptée par le Synode, concernant le personnel laïc actif dans la vie spirituelle. En plus des animateurs d’Eglise, pour lesquels une formation théologique de base sera exigée, les animateurs de paroisse font leur apparition. Alors que les premiers auront des formations utiles à l’Eglise, telles que pédagogue, enseignant ou psychologue, la deuxième dénomination permettra aux paroisses, et non aux instances cantonales, d’engager des étudiants ou du personnel temporaire pour des missions particulières.

Une vingtaine d’articles restent en suspens pour la prochaine séance qui aura lieu le 4 avril.

Cet article a été publié dans :
Le quotidien vaudois 24 heures dans son édition du 10 mars.