La conversation œcuménique, un nouvel outil de travail à l’Assemblée du COE
La discussion est respectueuse mais vive entre les participants. Cette façon de travailler est-elle vraiment nouvelle? Oui et non, explique Odair Pedroso Mateus, un théologien réformé originaire du Brésil, actif pour le COE au sein du département Foi et Constitution.
«Lors des assemblées précédentes, nous avons travailler par audition (hearings). Le principe était le même, celui d’une discussion ouverte à tous les participants autour de thèmes variés. Mais ces rencontres étaient beaucoup trop peu nombreuses pour permettre aux groupes de mener un travail sérieux et ainsi obtenir des résultats. Cette année à Busan, il y a trois fois plus de conversations œcuméniques qu’il n’y avait d’auditions par le passé.»
Le principe de fonctionnement est simple: les délégués s’annoncent pour la conversation œcuménique de leur choix parmi une vingtaine de thèmes, allant de la compréhension de l’Eglise à l’évangélisation en passant par la justice écologique à la paix au Moyen-Orient. Une fois assignés à un groupe, ils n’en changent plus, afin de produire un travail cohérent qui s’inscrive dans une certaine durée.
Offrir aux délégués un nouveau mode de participationCes conversations permettent une réflexion poussée dans un groupe qui favorise la rencontre entre des points de vue parfois très différents; mais c’est aussi un véritable outil d’action et de changement qui est mis entre les mains des participants. «L’idée de cet espace de discussion, c’est de pouvoir produire des résultats qui puissent ensuite être pris en compte dans les travaux du Conseil», poursuit Oder P. Mateus.
«Nous demandons à chaque groupe de nous rendre un rapport dans lequel il soumet des propositions concrètes et identifie des défis auxquels il pense que nous devrons nous confronter à l’avenir. Par exemple, le groupe qui a travaillé sur l’Eglise verra son rapport remis au département Foi et Constitution, qui s’en servira pour définir les orientations de son travail des prochaines années.»
Davantage de démocratieAinsi, le vrai changement apporté par les conversations œcuméniques est de donner aux participants une possibilité réelle de faire entendre leur voix et d’apporter au Conseil leurs préoccupations, leurs intuitions et leur créativité. Il s’agit en fait d’une évolution vers plus de représentativité et de démocratie.
Le rôle des délégués à l’Assemblée, à travers ces conversations, devient véritablement participatif et ne se cantonne plus à valider les orientations définies à l’avance par les équipes du Conseil, donnant à chacune et chacun l’occasion d’apporter un éclairage à partir de sa situation propre et de ses compétences - peuples indigènes d’Amérique ou d’Australie, situations de handicap ou problèmes liés au réchauffement climatique.
En plus d’une représentativité accrue, on peut espérer que ces conversations participent à donner une nouvelle impulsion au mouvement œcuménique en impliquant très concrètement les Eglises-membres. Celles-ci peuvent charger celles et ceux qui les représentent d’apporter au Conseil leurs attentes, leurs espoirs et leurs difficultés en sachant qu’elles seront entendues.
Des propositions concrètesDu côté de la conversation œcuménique «Si nous voulons rester ensemble, nous devons prier ensemble», les propositions sont très variées: trouver des gestes symboliques d’unité en attendant que l’hospitalité eucharistique soit possible comme mettre en place une base de données liturgiques qui pourrait aider les Eglises à préparer leurs célébrations œcuméniques.
Les idées ne manquent pas pour intensifier la collaboration entre Eglises et le témoignage commun. Reste à savoir si le Conseil saura se donner les moyens de mettre en œuvre ces propositions et de tirer parti de la créativité de ses délégués.