Un nouveau pape avant Pâques?

Un nouveau pape avant Pâques?

Le pape Benoît XVI a annoncé lundi son retrait pour la fin du mois. Entretien exclusif avec le cardinal suisse Georges Cottier, 91 ans, ancien théologien de la maison pontificale et ancien secrétaire de la commission théologique internationale
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Comment avez-vous appris la nouvelle de la renonciation du pape Benoît XVI ?

J’étais justement au Consistoire lorsque le pape a fait cette annonce. Tout le monde a été extrêmement surpris, ému, et tous les cardinaux à qui j’ai parlé ne s’attendaient pas du tout à cette nouvelle.

C’est toutefois un cas qui est prévu par la loi (le code de droit canonique). Le pape peut librement donner sa démission.

Comment expliquez-vous cette décision totalement inédite dans l’histoire de l’Eglise moderne ?

Comme Benoît XVI l’a expliqué lui-même, ce sont avant tout des raisons de santé et de fatigue qui l’ont poussé à prendre cette décision. La manière avec laquelle il l’a présentée a d’ailleurs été très noble, digne, et très simple en même temps. Cela nous a tous surpris, mais en y réfléchissant, je trouve qu’il s’agit-là d’un acte de sagesse.

Je pense par ailleurs que c’est un problème qui se posera plus souvent à l’avenir. Comme l’espérance de vie augmente, la population vieillit, et de fait davantage de papes âgés auront à gérer ce type de problème, et peut-être à prendre ce genre de décision. Benoît XVI a montré l’exemple, à voir s’il sera suivi par d’autres.

Vous qui êtes au somment de la hiérarchie ecclésiale et au cœur du Vatican, n’aviez-vous pas eu vent de cette renonciation plus tôt ?

Nous étions tous un peu inquiets par l’état de santé du pape. Il paraissait, de fait, très fatigué depuis quelque temps. Mais je ne m’attendais pas du tout à cela, et les cardinaux à qui j’ai parlé depuis l’annonce ont été tout aussi surpris que moi. Mis à part à son entourage immédiat, je ne pense pas que Benoît XVI ait partagé cette décision avec beaucoup de gens. Il souhaitait rester discret jusqu’à l’annonce.

Que va-t-il se passer désormais ?

Après le 28 février, le camerlingue, placé à la tête de la Chambre apostolique pendant la période Sede vacante, va convoquer un conclave pour élire un nouveau pape. Les dates du conclave seront connues seulement après le 28, mais d’après le père Lombardi, nous pourrions avoir un pape déjà avant Pâques. Tous les cardinaux électeurs (ceux qui ont moins de 80 ans) vont se réunir et discuter, cela jusqu’à la désignation, qui doit être approuvée après un certain nombre de tours par les deux-tiers des électeurs au moins.

Dès aujourd’hui toutefois, les cardinaux vont commencer à se parler et à discuter de l’élection. C’est normal et c’est leur devoir de procéder ainsi. Toutefois, il ne faut pas oublier que les cardinaux sont dispersés dans le monde entier, et que la plupart ne se connaissent pas beaucoup. Peut-être d’ailleurs qu’une fois tous arrivés, il y aura une réunion préalable pour qu’ils fassent mieux connaissance. Tout cela sera décidé par le camerlingue.

Et y a-t-il selon vous des noms de favoris qui se dégagent ?

Il y a toujours des noms qui émergent. Cela fait partie des rumeurs, mais, expérience faite pendant la dernière élection, cela ne veut rien dire du tout. Les journaux vont faire tout un tas de pronostics, nous bombarder de noms, et ce sera probablement un autre qui sera élu. Cela fait partie du jeu, et il faut savoir ne pas trop s’emballer.

Pensez-vous qu’il existe une chance que le prochain pape soit d’origine africaine, asiatique ou sud-américaine ?

Tout est possible. Je pense qu’ils vont d’abord choisir selon les qualités respectives de chacun. Evidemment, l’origine joue un rôle, mais c’est un rôle parmi d’autres. L’âge pourra également être un facteur à prendre en compte désormais.

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Le site internet de 24 Heures et sur le site www.regardsprotestants.com