Le rôle de l’agence Protestinfo discuté par les Églises réformées romandes

Le rôle de l’agence Protestinfo discuté par les Églises réformées romandes

Lors de l’Assemblée générale de la Conférence des Églises réformées de Suisse romande, une discussion a porté sur le rôle de Protestinfo.

Photo: CC(by-nc) Fr Lawrence Lew, O.P.

, journaliste indépendante

«Il s’agit d’une discussion non décisionnelle», avertit Pierre-Philippe Blaser, président, en ouverture de ce point à l’Assemblée générale de la Conférence des Églises réformées de Suisse romande (CER), tenue ce 2 juin à Morges. Pas question donc, à cet instant, de remettre en cause l’existence ou non de Protestinfo, l’agence de presse des Églises réformées, créée en 2000 pour «traduire la volonté des Églises protestantes de sortir de leur réserve et d’affirmer leur présence», selon sa première responsable.

La discussion de ce jour est provoquée par une lettre du président de l’Église protestante de Genève (EPG) demandant «de rediscuter les buts et les moyens alloués à Protestinfo». Le grain de sable qui a grippé des rouages semblant pourtant bien huilés? Deux articles parus fin 2017. L’un d’eux, rédigé par Joël Burri, rédacteur responsable de Protestinfo, donne la parole à deux défenseurs genevois d’une laïcité stricte. «En plein débat sur la laïcité à Genève, nous avons eu l’impression d’être trahis par notre propre agence de presse, qui n’a même pas pris la peine de nous donner la parole», reprend Joëlle Walther, coprésidente du Consistoire, organe délibérant de l’EPG. Contacté par la suite, Joël Burri rapporte qu’il s’agissait d’une interview des laïcs sur leur motion, dans le cadre d’un dossier, le débat sur la laïcité, qu’il suit depuis son arrivée à Protestinfo et auquel il a consacré plusieurs articles. Au-delà, ou plutôt au cœur de ces dissensions se pose la question toujours plus complexe de la distinction entre communication et information.

Une question de loyauté

«À qui va la loyauté? Au lectorat? Aux Églises?», demande Joëlle Walther. Pour Protestinfo, la réponse est claire, c’est au lecteur. Mais ses ressources viennent de la CER. «Un tel article produit par notre agence impliquerait pour nous de sortir un communiqué contraire, et c’est problématique», soulève Christian Miaz, président de l’Eglise réformée de Neuchâtel (EREN). Pour Line Dépraz, du Conseil synodal de L’Église réformée vaudoise (EERV), «l’avantage d’avoir Protestinfo est de pouvoir parler à la société de nos préoccupations dans un langage dont on a perdu la maîtrise.» De plus, «le regard extérieur d’un journaliste nous permet de voir nos dires et actions avec recul, assure Pia Grossholz-Fahrni, vice-présidente de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure. C’est un reflet important pour nous.» Présent, Michel Kocher, directeur de Médias-pro, qui chapeaute Protestinfo, rappelle que «la loyauté va à la mission d’informer», mais assure que «ces retours ne nous laissent nullement indifférents à l’interne».

Au terme d’une heure de discussion, durant laquelle un débat sur ce sujet impliquant d’autres intervenants a été demandé, Xavier Paillard, président du Conseil exécutif et président de l’EERV, résume qu’il s’agit donc de revoir les besoins de chacun, en terme géographique et en termes de communication et d’information, chaque Église n’ayant ni les mêmes ressources ni les mêmes façons d’opérer.

Pris à part, Emmanuel Fuchs répond qu’il s’agissait d’un «bon débat qui a permis de poser des questions et qui nécessite qu’on aille plus loin, sans urgence, sans agenda. Maintenant, la balle est dans le camp du Conseil exécutif». Lequel, par la voix de Xavier Paillard, dit qu’il va «organiser ce débat, car la question demeure sur le rapport entre communication et information. C’est bien de l’avoir, car les choses évoluent, surtout avec le web.»