Fini la phase de lancement, Saint-Laurent Église doit s’autofinancer

Fini la phase de lancement, Saint-Laurent Église doit s’autofinancer

Musique, chorale, repas communautaire: des petits plus qui font de l’expérience ecclésiale menée au centre-ville de Lausanne, un lieu différent. Pourtant après quelques années d’existence, le Conseil synodal demande que le lieu autofinance ces à-côtés.

Par Joël Burri

Photo: CC(by) Guilhem Vellut

Tout a un prix. Les fidèles de Saint-Laurent Église (SLE) ont en effet été invité à s’engager à financer régulièrement la communauté qui se retrouve tous les dimanches au centre de Lausanne afin d’assurer sa pérennité. Un pari, sur le point d’être gagné puisque dans la dernière newsletter du lieu, on peut lire: «Notre trésorier a bon espoir parce que notre projet d’autofinancement donne des signes très encourageants!»

«C’est une demande du Conseil synodal», justifie Sylvette Delessert, présidente du Conseil de service communautaire SLE. Président de l’exécutif de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), Xavier Paillard confirme qu’une demande a été faite pour que SLE «finance ses activités hors salaire du ministre.» Il justifie: «lorsque l’expérience a démarré, il s’agissait clairement d’un lieu tourné vers l’extérieur. Il était alors normal qu’il bénéficie de financements cantonaux. Dans la mesure où c’est devenu une communauté alternative, c’est important qu’ils assument leur propre financement.»

Beaucoup de personnes précarisées

Sylvette Delessert regrette que la situation particulière du lieu ne soit pas reconnue. «Nous accueillons beaucoup de gens qui sont très précarisés et qui ne se sentent pas accueillis dans une paroisse traditionnelle. Ce n’est pas anodin pour eux que de devoir s’engager à payer pour l’Église.»

Selon la présidente du Conseil de service communautaire, les frais de SLE se montent à environ 3500fr. par mois. Une grande partie de ce montant permet de financer le salaire de la directrice de la chorale, des musiciens invités et le salaire du cuisinier, puisque chaque dimanche un repas est proposé après le culte. Des dépenses liées au projet de vie communautaire riche du lieu. «Les membres du synode (organe délibérant) ne savent pas ce qui se vit à Saint-Laurent, ils n’ont pas conscience de tout le réconfort que nous apportons à tous ces gens qui ne se sentent pas à l’aise dans les paroisses que ce soit à cause de leurs choix de vie ou de leur situation précaire.»

«Quand on choisit de mettre sur pied une activité, il faut lui trouver son financement. On ne peut pas faire les choses puis envoyer la facture à l’Église cantonale», rétorque Xavier Paillard. Il concède toutefois: «dans les paroisses vaudoises, le salaire de l’organiste est pris en charge par la commune. De même dans une commune rurale, si pour un événement, on veut faire venir un quatuor à corde, cela peut être négocié avec les autorités. On ne peut tout de même pas imposer à la commune de payer tous les dimanches un groupe de musiciens, mais peut-être peut-on négocier un geste, puisque Saint-Laurent n’a pas d’organiste.»

Rattachement à la région et non au canton

La demande d’autofinancement est-elle le signe que Saint-Laurent atteint une certaine maturité? «On peut dire ça, comme ça», répond Xavier Paillard qui promet que l’objectif n’est en aucun cas de mettre fin aux activités de SLE. Pourtant une autre échéance inquiète Sylvette Delessert: «jusqu’à présent nous dépendions du canton, mais dans le nouveau projet sur les dotations en force ministérielles qui sera débattu au synode de mars, il est prévu que nous soyons rattachés à la région lausannoise.» En raison des collaborations difficiles entre SLE et les paroisses voisines, la crainte est donc que la région décide de sacrifier le projet novateur. Des craintes sans fondement pour le président de l’exécutif cantonal.