Les Eglises bernoises critiquent la révision de la loi sur l’aide sociale

Les Eglises bernoises critiquent la révision de la loi sur l’aide sociale

Le Grand Conseil bernois a adopté en première lecture la modification de la loi sur l’aide sociale
Cette décision est critiquée par les différentes Eglises. Il s’agit pour elles d’un texte purement politique, qui se fait au détriment des personnes dans le besoin.

Photo: CC (by-nc-nd) Cristian Bernal

Le canton de Berne souhaite réduire la couverture des besoins matériels de base pour les personnes dans le besoin — une baisse qui pourra aller jusqu’à 8%. C’est ce que prévoit la loi révisée sur l’aide sociale approuvée en première lecture par le Grand Conseil le 6 décembre dernier. Dans un communiqué de presse, la Conférence interconfessionnelle (CIC) a critiqué cette décision. La politique d’austérité appliquée à travers ces dispositions aggrave les difficultés de vie des bénéficiaires et frappe tout particulièrement les familles, souligne la CIC.

Bien que cette modification de la loi prévoie des suppléments pour récompenser les efforts actifs en matière de recherche d’emploi et d’intégration, ce système d’incitation ne suffira pas à ramener davantage de personnes en difficulté sur le marché du travail, écrit la Conférence interconfessionnelle. Les places sont en effet trop rares, et il faudrait avant tout de la flexibilité et la mise en place de mesures d’accompagnement de la part de l’employeur.

«Le marché du travail doit être étudié plus attentivement», a spécifié Stephan Schranz, représentant de l’Eglise réformée au sein de la CIC, au site ref.ch. Un allégement fiscal pourrait, par exemple, être accordé aux employeurs qui embauchent des personnes difficiles à intégrer dans la vie active. «Il serait également utile que les travailleurs sociaux aient plus de temps à consacrer à l’encadrement des usagers. Des études montrent qu’un suivi intensif permet de réduire la durée de versement de l’aide sociale.»

Un manque de considération des situations individuelles

La situation des bénéficiaires de l’aide sociale est déjà très difficile, ajoute la CIC qui craint que la révision de la loi n’empire encore leurs conditions de vie, rendant plus difficile de parvenir à une intégration sociale et professionnelle à long terme.

La Conférence interconfessionnelle a également critiqué le fait que ces réductions concernent sans distinction des profils très différents. Une baisse pouvant aller jusqu’à 30 % toucherait, par exemple, les personnes n’ayant pas atteint le niveau de langue A1 en allemand ou en français, six mois après le début de l’octroi de l’aide sociale. Le parcours éducatif, les situations familiales spécifiques ou la durée de séjour en Suisse n’entrent pas en ligne de compte dans ce processus.

La CIC appelle le Grand Conseil à amender sa révision en deuxième lecture et à respecter les recommandations de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS). Dans le cas contraire, elle craint que d’autres cantons ne suivent l’exemple bernois en procédant également à des réductions de leurs prestations.

Le Synode réagit

Réunis les 12 et 13 décembre dernier, les délégués bernois au Synode des Eglises de Berne-Jura-Soleure ont également réagi contre cette modification de la loi sur l’aide sociale. Par 118 voix contre 21 et 7 abstentions, ils ont adopté une résolution à l’adresse du Grand Conseil bernois. «C’est avec inquiétude que le Synode de l’Eglise réformée évangélique du canton de Berne a pris connaissance des récentes mesures d’économie du Grand Conseil du canton de Berne dans le domaine social. Les réductions des contributions aux institutions pour personnes vivant avec un handicap et des coupes au niveau des prestations de base de l’assistance sociale ne sont que deux exemples qui remettent en cause la solidarité dans notre société». Les délégués bernois appellent les décideurs politiques à prendre toutes les mesures nécessaires afin que les économies ne se fassent pas au détriment des plus faibles. (ref.ch/Protestinfo)