L’Eglise réformée vaudoise réfléchit à de nouvelles formes

L’Eglise réformée vaudoise réfléchit à de nouvelles formes

La société a évolué, désormais seule une minorité œuvre sur le long terme pour une Eglise. Désormais, l’on s’engage pour un projet, pour une activité ponctuelle. L’Eglise réformée vaudoise a commencé un processus visant une réforme profonde de son fonctionnement.

Photo: réflexion par petits groupes, samedi à Ollon (VD)

«Une journée studieuse et conviviale», c’est ce qu’a promis Xavier Paillard, président du Conseil synodal (exécutif) de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), samedi à Ollon à l’ouverture d’un Synode (organe délibérant) largement consacré à une discussion «non décisionnelle» sur les nouvelles formes que l’Eglise devra apprendre à proposer.

En arrière-fond de ce débat, une réalité économique: d’ici à 2025, l’EERV doit passer de 220 équivalents plein temps en 2018 à 203 en 2025 en raison d’un accord de rééquilibrage passé avec l’Eglise catholique romaine dans le canton de Vaud. A cette occasion, le Conseil synodal souhaite initier une réflexion plus profonde sur les offres de l’Eglise, plutôt que de se contenter de coupes linéaires dans les paroisses.

«Par le passé, l’EERV était une Eglise de propositions», a rappelé Xavier Paillard. «Elle proposait des activités, et les paroissiens qui majoritairement adhéraient aux valeurs de l’Eglise suivaient. Mais progressivement depuis les années 1960, la société a changé. Désormais, l’on appartient de moins en moins à des groupes immuables, mais on adhère à des convictions et à des projets.» Le Conseil synodal qualifie de «liquide» cette société ou les appartenances ne sont plus immuables, mais varient au fil du temps, ou se limitent à un projet donné.

Constatant que dans cette société liquide, la surface de contact entre l’Eglise et la société avait diminué, le Conseil synodal dans un rapport propose que l’Eglise change «de posture». S’inspirant des expériences menées au Royaume-Uni par l’Eglise anglicane, l’EERV pourrait passer en mode d’«économie mixte». Si le vocabulaire a déplu à nombre de délégués synodaux, le concept qu’il désigne—c’est-à-dire apprendre à accueillir de nouvelles formes d’Eglise sans pour autant dévaloriser le travail en paroisse— a fédéré les délégués.

Pratiquement, et même si la réflexion n’en est qu’à ses débuts, il apparaît que la réduction du nombre de postes paroissiaux sera supérieure aux seuls impératifs économiques afin des libérer des forces pour développer et accompagner de nouvelles formes d’Eglise. «Pour moi, cela existe déjà», a toutefois souligné un délégué. «Depuis des années, il existe des aumôniers. Notre Eglise a toujours accompagné les changements de la société.»

Election au Conseil synodal

Durant cette session, le Synode a également élu le pasteur Laurent Zumstein (photo) au Conseil synodal et il a rencontré la conseillère d’Etat Béatrice Métraux. Seul candidat à s’être porté candidat à la succession de Jean-Michel Sordet qui prendra sa retraite fin août, Laurent Zumstein partage actuellement son activité ministérielle entre la coordination du Service santé et solidarité de l’EERV et la coordination de la région La Broye.

Mise en garde contre l’initiative «contre l’intégrisme religieux»

Béatrice Métraux a, quant à elle, remercié les différentes personnes actives au sein de l’EERV pour leur «engagement envers l’ensemble de la population vaudoise». Et alors que la récolte de signatures pour l’initiative «contre l’intégrisme religieux» bat son plein, l’élue responsable des affaires religieuses a fustigé le texte de l’UDC. Le règlement d’application de la Loi sur la reconnaissance des communautés religieuses «ne permet aucune dérogation, en matière scolaire, vestimentaire ou de soins. L’initiative n’aurait donc aucun impact!», a promis l’élue verte. «Le but de l’initiative est avant tout électoraliste, il s’agit de capitaliser sur une certaine islamophobie.» Des élections cantonales auront, en effet, lieu ce printemps. «Cette initiative risque en outre de remettre en cause le compromis actuel en ce qui concerne le lien entre les Eglises et l’Etat», a prévenu la conseillère d’Etat.