L’aumônerie de l’Université de Lausanne ne peut plus promouvoir le dialogue interreligieux

L’aumônerie de l’Université de Lausanne ne peut plus promouvoir le dialogue interreligieux

Déplacée à l’extrémité de campus, l’aumônerie de l’Université de Lausanne (UNIL) peine à faire son travail, car les étudiants ne s’y rendent plus
Quelle importance donne l’UNIL au dialogue interreligieux et à l’intégration des étudiants étrangers sur le campus?

Photo: L'Amphipôle © Fabrice Ducrest/UNIL

et Noriane Rapin

Alors que l’Etat de Vaud valorise l’interreligieux au point d’en faire une exigence pour les communautés religieuses qui demandent la reconnaissance, son université semble mettre des bâtons dans les roues au travail interreligieux. En janvier 2016, l’aumônerie de l’Université de Lausanne dont le travail consiste, entre autres, à organiser des rencontres entre les étudiants et les différentes associations religieuses universitaires a dû quitter ses locaux à la Grange, au centre du campus. Relocalisée à l’Amphipôle du côté du parking de Sorge, dans des locaux plus petits et décentrés, elle passe désormais quasiment inaperçue.

«Depuis que nous nous trouvons à l’Amphipôle, Notre travail est devenu plus compliqué. Non seulement c’est très difficile d’avoir des contacts avec les étudiants à l’Amphipôle, car c’est un lieu où ils ne restent pas, mais nous n’avons quasiment plus de contacts avec les associations non plus», explique l’aumônière protestante Florence Clerc Aegerter. En plus des activités régulières comme la méditation, la prière de Taizé ou les repas du lundi à midi, l’aumônerie est un lieu d’écoute ouvert à tous les étudiants croyants ou athées proposant un accompagnement adapté à leurs besoins.

L’intégration des étudiants étrangers

«Les aumôniers sont très impliqués dans tout ce qui est culturel et c’est peut-être l’association qui gère le mieux l’intégration des étudiants internationaux et les activités qui leur sont adressées. C’était d’ailleurs une grande partie de leur public avant le déménagement. Ils arrivent bien à lier les questions de foi et de culture», souligne Jean-David Knusel, étudiant en sciences sociales et membre des Groupes bibliques universitaires. Si l’aumônerie a dû quitter la Grange, c’est principalement car le théâtre qui occupait une partie des locaux a eu besoin de plus de place afin de développer un espace culturel au centre du campus.

«Il n’a jamais été question de mettre l’aumônerie à l’écart ou de la cacher. Le problème était qu’en servant de la nourriture tous les lundis à un nombre toujours plus important de personnes (jusqu’à cent), elle se trouvait en contradiction flagrante avec la loi. Pour cela, il faut des locaux et des compétences particulières, il y a des règles d’hygiène à respecter et la police du commerce veille. Nous avons dû prendre une décision. A l’Amphipôle, nous avons essayé de recréer un espace permettant à l’aumônerie de poursuivre ses activités. Elle ne le considère peut-être pas comme idéal, mais nous manquons de place sur le campus», relève Benoît Frund, le vice-recteur de l’UNIL.

Contacté par Protestinfo, le service de l’hygiène assure n’avoir émis aucun rapport à l’encontre de l’aumônerie. «Les services sociaux de l’Unil ont souligné l’importance de ces rencontres du lundi à midi qui étaient pour certains étudiants leur unique repas chaud de la semaine», déplore Florence Clerc Aegerter. Si l’aumônerie continue de proposer des repas le lundi à midi, seule une trentaine d’étudiants s’y rendent désormais, une conséquence de la délocalisation et de l’exiguïté du lieu, péjorant ainsi les rencontres entre les différentes cultures et l’intégration des étudiants étrangers.