L’usage du sexe: un impensé, un tabou?

L’usage du sexe: un impensé, un tabou?

Protestinfo laisse régulièrement carte blanche à des personnalités réformées.

Ancienne présidente de l’Eglise protestante de Genève, Charlotte Kuffer a eu envie de rebondir sur la réflexion de Noriane Rapin relative au féminisme et à l’égalité des sexes, parue la semaine passée.

Photo: CC(by-nc) Patrick Weishampel/blankeye.tv/Portland Center Stage

Un paramètre dans la réflexion sociale contemporaine me paraît chroniquement manquer, un tabou probablement, c’est l’usage du sexe. Avant 1968 comme depuis, si la consommation d’alcool ou de drogue est thématisée, la dimension addictive de l’activité sexuelle, de l’excitation produite par le «paraître» déjà, et l’indispensable réflexion anthropologique comme la politique éducative à cet égard sont quasi inexistantes.


Les conséquences de cet impensé sont effarantes; en vrac, je souligne l’exacerbation du choc des cultures entre le tout permis et le tout interdit en matière de dévoilement du corps; le pseudo interdit de relations sexuelles hors mariage de certaines cultures; la publicité faite au sexe et la pression qui en découle, pour les très jeunes chez nous, les menant à enchaîner des relations sexuelles souvent découplées de l’attachement sentimental pour exister; l’impact de l’usage du sexe dans l’équilibre du couple; l’injustice sociale et professionnelle réservée aux jeunes femmes si elles deviennent mères (surtout si elles élèvent seules l’être conçu à deux); l’irrespectueuse politique des quotas qui masque si mal la profondeur du problème de l’inégalité homme-femme, etc.


Tout le monde (surtout les «vieux» de ma génération qui sont encore aux commandes politiques) s’accommode, impuissant (je pèse mes mots), du manque de volonté à développer des outils propres à empoigner un fléau de société, celui du sexisme, vieil héritage d’un temps où l’on cachait tout (on le sait, de fait, le sexe mène le monde...!).

Je remarque l’engagement de tant de jeunes, associations, couples, communautés de vie, femmes qui, à leur niveau et par la force des choses, mobilisent des trésors d’énergie et d’inventivité pour suppléer, dans leur réalité immédiate, aux conséquences d’un problème que notre société doit mettre sérieusement à son agenda et que j’appelle «du bon usage du sexe au XXIe siècle»!

Encore une fois «up to date», l’Evangile, dans la conception de l’humain qu’il renvoie, est pour les chrétiens une source contributive pour s’engager plus visiblement dans ce nécessaire débat de société.