«Je pense que la population apprécie un certain courage de la part des croyants»

«Je pense que la population apprécie un certain courage de la part des croyants»

Durant la première semaine de novembre, les lecteurs de «Bonne Nouvelle» et des deux «Vie protestante» trouveront dans leur boîte aux lettres le premier numéro de «Réformés», le journal qui remplacera les trois journaux d’Eglises réformées de Suisse romande. A quoi les abonnés doivent-ils s’attendre?

Photo: Gilles Bourquin et Elise Perrier

«Je pense qu’une des missions importantes de “Réformés” sera de se mettre ensemble pour offrir un vrai visage au protestantisme», estime Elise Perrier, corédactrice en chef du futur titre. «Bien sûr, nous ferons place à la pluralité des opinions, mais nous avons quand même un message, une unité.» Réunissant les lectorats vaudois, jurassiens, neuchâtelois et genevois, le futur périodique sera, en effet, un véritable poids lourd de la presse romande: environ 220’000 exemplaires, dix fois par année. A titre de comparaison, «20 minutes» est imprimé chaque jour à environ 187’000 exemplaires, et «Bonne Nouvelle» a un tirage de 170’000 copies.

Mais pour les lecteurs, les changements devraient se faire dans la douceur: bien que leur journal devienne romand, les fidèles continueront de retrouver une quinzaine de pages régionales en fin d’édition. «Réformés» se déclinera, en effet, en 14 éditions différentes: une pour chacune des onze régions ecclésiastiques vaudoises, une pour Neuchâtel, une pour Genève et enfin une pour le Jura et le Jura bernois.

Les lecteurs de «Bonne nouvelle» ne sont de loin pas tous des piliers de temple, puisque l’Eglise évangélique réformée vaudoise diffuse très largement sa publication. Par contre, le lectorat de «La Vie protestante – Genève» est proche de la vie de l’Eglise puisque le fidèle qui souhaite obtenir ce titre doit s’acquitter d’un abonnement – une différence de traitement qui perdurera d’ailleurs avec l’arrivée de «Réformés». Pour la rédaction, composée en grande partie de journalistes issus des trois titres appelés à disparaître, cela représente un véritable défi: satisfaire des publics aux attentes très différentes.

Affirmer sa spécificité

«Je ne pense pas que ce soit en affadissant et en assouplissant systématiquement ses positions que l’on va s’attirer les bons augures d’un large public», estime Gilles Bourquin, l’autre corédacteur en chef du futur média. «Je pense que la population apprécie un certain courage de la part des croyants qui va dans deux sens. Premièrement, le courage d’affirmer une spécificité et une foi. Et deuxièmement le courage de l’ouverture. Parce que l’on assiste aujourd’hui à un certain retour de la religion fondamentaliste dans nos sociétés, tant du côté chrétien que du côté musulman.»

Quant à la ligne que prendra «Réformés», Gille Bourquin dévoile: «ce journal a un statut un peu particulier: c’est à la fois un périodique réalisé par des journalistes et qui a donc une certaine indépendance, vis-à-vis des Eglises, mais c’est aussi un organe qui participe à la mission des Eglises réformées, qui est de faire connaître l’Evangile.» Pas trop de théologie toutefois, insiste Elise Perrier: «Gilles est théologien, mais il a vraiment le souci d’aller parler à tous. Je pense qu’en corédaction en chef, nous allons faire bonne équipe, pour faire en sorte que ce journal soit accessible à chacun, à la fois dans la manière de présenter les sujets, dans les personnalités que l’on va solliciter. Et grâce aussi à une façon ludique de présenter les informations; une mise en pages qui donne envie de lire. Je pense que ce sont des éléments qui sont importants.»