L’aumônerie du CHUV: quand la spiritualité s’invite à l’hôpital

L’aumônerie du CHUV: quand la spiritualité s’invite à l’hôpital

La spiritualité et la diversité religieuses sont de plus en plus prises en compte dans les institutions de soins et de réhabilitation
Le Centre hospitalier universitaire vaudois accueille d’ailleurs des aumôniers dans son équipe soignante depuis plusieurs années. Rencontre avec Annette Mayer, aumônière et théologienne catholique.

Photo: CC (by-nc) Edgar Crook

«A l’hôpital, le patient n’est pas dans n’importe quelle situation. Il est confronté à sa propre limite, à sa vulnérabilité et à son corps, qui peut être inamical ou le lieu d’un combat». C’est par ces quelques mots qu’Annette Maye, aumônière au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), définit la situation des patients. L’aumônerie du CHUV, qui est oecuménique, se compose d’une quinzaine d’accompagnateurs spirituels qui sont tant catholiques que protestants.

La spiritualité importante dans les moments difficiles

Le but de l’aumônerie est d’offrir un soutien spirituel «au sens large du terme». Cela signifie pour Annette Mayer, que «le spirituel ne peut pas être réduit au religieux, mais il peut englober le religieux». Les aumôniers sont présents pour permettre au patient de faire émerger ses propres ressources, pour faire face à la situation dans laquelle il se trouve. Et tout ce travail se fait dans le respect des convictions du patient.

De plus, 56% des personnes pensent que la religion ou la spiritualité joue un rôle dans les moments difficiles de la vie, et 47% en cas de maladie, selon les derniers chiffres publiés le 22 avril dernier par l’Office fédéral des statistiques. Ces chiffres sont intéressants pour les aumôneries, puisqu’ils permettent de confirmer l’importance du spirituel pour les patients et les malades. Du reste, «on constate ces statistiques sur le terrain», précise Annette Mayer.

Un soutien aux patients et aux soignants

Il n’est pas question de prosélytisme dans les services de l’aumônerie du CHUV. «La question de comment le patient ou sa famille vivent cette situation est centrale dans mes visites», explique Annette Mayer. Elle se souvient d’avoir accompagné une famille athée au moment où leur proche était en train de mourir. «Ce n’était pas un moment de réflexion pour comprendre ce qui les avait motivés à m’appeler alors qu’ils m’avaient clairement affirmé être athées. Ils voulaient que je sois là, et ils me faisaient confiance. Je ne voulais pas trahir cette confiance», confie la théologienne.

Si chaque aumônier est attribué à un service du CHUV pour l’écoute et l’accompagnement des patients et de leurs familles, ils sont également à disposition des employés de l’hôpital. «Les équipes soignantes peuvent venir nous voir pour des situations personnelles, comme la mort violente d’un collègue ou d’un patient», explique Annette Mayer. Cependant, cela doit se faire dans un environnement propice. «On doit le faire de manière structurée. Une discussion à midi pendant le repas n’est pas un accompagnement», poursuit l’aumônière.

Accents sur la spiritualité et les soins

Les demandes d’accompagnement peuvent venir des familles ou du patient, mais également du personnel médical. Au CHUV, les infirmiers ou les médecins contactent les aumôniers, quand ils pensent que le patient en a besoin ou s’il y a une demande religieuse, une crise de sens ou une décision éthique à prendre.

Cependant, il existe une grande différence lorsque le personnel soignant propose à un patient de rencontrer un aumônier ou si c’est l’aumônier qui voit le patient directement. «Si je viens en annonçant que je suis l’aumônière du service et que je fais mes visites, il n’y a quasiment pas de refus de la part des patients. Peut-être que cela passe mieux si le contact se fait directement avec moi», suppose l’aumônière.

Annette Mayer a également travaillé, il y a plusieurs années, aux hôpitaux de Genève. «A Genève, il existe une convention, mais les aumôniers n’ont pas accès aux dossiers des patients, alors qu’ici on a un accès, même s’il est limité», précise-t-elle. Au CHUV, l’accent est aussi bien mis sur la spiritualité que sur les soins prodigués aux patients. «Il faut penser ensemble le biologique et le spirituel. Et dans cette conception bio-spi-social, la spiritualité est quelque chose de très basique», poursuit l’aumônière. «C’est difficile d’être plus ouvert que dans le canton de Vaud».