L’IMD se dote d’une chaire de philanthropie

L’IMD se dote d’une chaire de philanthropie

Investissement social, fédérer les collaborateurs ou les membres d’une famille propriétaire. Pour les entreprises familiales, les enjeux autour de la philanthropie sont importants. Alors que la recherche de fonds s’est professionnalisée, l’art distribuer son argent reste un domaine peu exploré. Grâce à un mécène, la prestigieuse école privée de management de Lausanne investit un domaine novateur.

Photo: C(by) TaxCredits.net

Un don de plusieurs millions de francs permettra à l’International Institute for Management Development (IMD) de se doter d’une chaire spécialisée en philanthropie pour les entreprises familiales. La direction de l’école de management lausannoise à la réputation internationale espère trouver avant la fin de l’année le titulaire de cette «Chair for Family Philanthropy».

«En créant cette chaire, nous voulons avoir un impact dans le monde des affaires et la société», déclare Dominique Turpin, président de l’IMD depuis juillet 2010. «Il y a un peu d’égoïsme», reconnaît quant à lui Thierry Mauvernay, coprésident de Debiopharm Group. C’est cette société biopharmaceutique vaudoise qui finance ce nouveau pôle de recherche et d’enseignement. «Mais en même temps, comme disait Saint-Exupéry “chacun est responsable de tous”. L’Etat doit aider, mais chacun de nous doit pouvoir le faire aussi», poursuit-il. Les institutions publiques n’auraient donc plus le monopole de l’intérêt général. Et les différences philanthropiques de l’Etat et des entreprises diminuent. «Aller démarcher pour soutenir des associations oblige à une rigueur et une efficacité. La collecte est devenue professionnelle», souligne le coprésident de Debiopharm.

Une chaire unique en Europe

Cette dixième chaire de l’IMD permettra de développer une stratégie qui pourra mieux structurer les actions philanthropiques des entreprises familiales, tout en faisant profiter un plus grand nombre de bénéficiaires. L’intérêt de la philanthropie est de rallier les membres de la famille et les collaborateurs de l’entreprise autour de mêmes valeurs. «L’argent n’est plus fédérateur. La seule chose qui rassemble c’est les valeurs» décale Thierry Mauvernay.

Aux Etats-Unis, la problématique de la philanthropie dans l’économie n’est pas un sujet nouveau. Et elle commence également à s’implanter en Europe. A Bâle ou à Paris, des chaires de philanthropie ont également été créées depuis quelques années. «L’originalité de celle de l’IMD est qu’elle concerne uniquement les entreprises familiales», explique Dominique Turpin. «Et contrairement aux chaires américaines, qui sont axées sur les Etats-Unis, le domaine de cette chaire sera davantage mondial. Les sensibilités ne sont pas les mêmes selon les pays. Il est donc important pour nous que le futur professeur puisse travailler sur plusieurs terrains», poursuit-il.

Audition en cours

«Une annonce a été passée dans The Economist. Et nous avons reçu une soixantaine de candidatures», révèle Dominique Turpin. «Il reste désormais à les auditionner». L’IMD cherche la perle rare avant décembre 2016. «Je quitte mes fonctions à la fin de l’année et j’aimerais l’avoir trouvé avant de partir», explique-t-il. Le président de l’IMD reste confiant: le professeur sera probablement nommé cet automne. «L’institut n’étant pas une institution publique, elle ne souffrira pas de la lenteur administrative comme c’est le cas à l’université», explique-t-il. L’idée, que Thierry Mauvernay rencontre les candidats, est également avancée.

L’IMD créera un conseil consultatif pour cette chaire, qui est composé entre autres d’un employé de Debiopharm. Ce conseil examinera les activités actuelles et futures de la chaire. Il proposera également un programme spécifique de recherches en philanthropie. Et même si Debiopharm finance cette chaire, son coprésident insiste sur le fait que «le conducteur du bus est l’IMD». Le même son de cloche est entendu du côté de l’institut par la voix de son président: «on veut garder notre indépendance», appuie Dominique Turpin.

La fondation Gates, un cas d’école

Un exemple souvent donné de la philanthropie assurée par des entrepreneurs, qui donne une partie de leur fortune dans la société est celui de la fondation Bill et Melinda Gates. Le budget de cette fondation est plus important que celui de l’Organisation mondiale de la santé.

Il est donc légitime de s’interroger sur le pouvoir de ces philanthropes vis-à-vis de l’Etat. Souvent, le don peut être vu comme un investissement social. Et Thierry Mauvernay confirme cette tendance: «il y a un engagement des deux parties, l’organisation et le donateur. Ce n’est pas qu’une question de don, mais aussi de voir quel impact a le don et où va l’argent». Il semble donc que les nouveaux philanthropes développent une manière efficace et positive de participer à une des faces éthiques de notre économie.