Le bar de quartier, ce lieu d’écriture!

Le bar de quartier, ce lieu d’écriture!

Protestinfo propose régulièrement des éditos rédigés par des membres des rédactions de Médias-pro.

Responsable de Protestinfo, Joël Burri rend hommage à la doctrine parfois tarabiscotée des réformés et souhaite qu’ils parviennent encore aujourd’hui à la partager.

Photo: CC(by) Chuck Kramer

En cours, le professeur de théologie pratique Bernard Reymond nous avait raconté que lorsqu’il était pasteur il aimait écrire ses prédications dans un bistrot. Il essayait de repérer les deux personnes les plus différentes possible de l’établissement et de rédiger en s’imaginant devoir dire quelque chose à chacune d’elle. Plus tard, lorsque j’ai opté pour le journalisme, cette anecdote ne m’a jamais quitté. Alors forcément je reste un peu circonspect quand j’entends des théologiens se gargariser dans leurs discours publics de Karl Barth ou de Jürgen Moltmann. On fait plus fédérateur comme référence.

Vous m’excuserez, dès lors, de citer Topito.com dans cet édito qui dans un récente vidéo intitulée «Top 8 des religions à la con, le grand n’importe quoi», constate que «plus c’est gros, plus ça passe». Une observation, ma foi fort fine de la société qui nous entoure.

Et nos Eglises ne sont pas épargnées… Ce christianisme qui voit Satan dans l’homosexualité, les pouvoirs de guérisons, ou l’astrologie. a le vent en poupe! Alors que nos bonnes vieilles Eglises réformées peinent à séduire avec avec des propositions qui demandent un engagement intellectuel fort comme «chercher à discerner dans les Ecritures la Parole de Dieu» ou «la Bible ne se lit ni ne se comprend d’elle-même. Elle est lue et comprise par des êtres humains dans une situation concrète. Les références scripturaires sont toujours médiates

Un slogan, c’est plus facile à transmettre

Les Eglises réformées prennent conscience, même dans les cantons dits protestants qu’elles sont devenues des Eglises minoritaires. En réaction, elles annoncent vouloir devenir des «Eglises de témoins». Un virage vers des valeurs davantage confessantes qui n’ira pas de pair, je l’espère, avec une simplification de la doctrine. Les réformés devraient être fiers et tenir à leur doctrine qui ne fait pas insulte à l’intelligence, même si un slogan serait bien plus facile à partager qu’un propos nuancé.

Alors, comment allier foi intelligente et discours accessible à tous? Je crois au miracle… et aussi à la nécessité pour les ministres d’aller boire une bière dans le bar PMU de quartier lorsqu’ils ont une communication à préparer. Se rappeler qu’il y a des humains qui n’ont jamais mis les pieds dans une faculté de théologie, ni même dans une faculté tout court, ça ne peut pas faire de mal.