Premier «oui» au mariage des journaux réformés

Premier «oui» au mariage des journaux réformés

Le synode jurassien a accepté à l’unanimité le projet de fusion des journaux d’Eglises réformées. Les délégués ont toutefois dit leur crainte du lémano-centrisme dans ce projet. Trois autres Eglises doivent encore s’exprimer. Si elles suivent le mouvement, le premier numéro de «Réformés», sortira de presse en novembre de cette année.

Photo: ©Pierre Bohrer, «Vie protestante Neuchâtel-Berne-Jura»

«Je suis sensible aux questions des identités régionales, mais aujourd’hui le vrai défi c’est notre identité de réformés!», a insisté Xavier Paillard, président du Conseil exécutif de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER), jeudi soir 25 février, à Tavannes (BE) devant le Synode d’arrondissement jurassien. L’organe délibérant de cette subdivision de l’union synodale Berne-Jura-Soleure qui couvre le Jura et le Jura bernois, était réuni en assemblée extraordinaire pour se prononcer sur le projet de fusion des journaux d’Eglises réformées, pour donner naissance au mensuel romand «Réformés».

L’achat de parts sociales de la future société éditrice, le projet de statuts, la charte rédactionnelle, le projet de budget ainsi que le mandat donné au Conseil synodal jurassien (l’exécutif) de dissoudre la fondation Visage protestant, actuelle éditrice de la «Vie protestante Neuchâtel-Berne-Jura» et de créer des structures pour maintenir les activités de l’Eglise dans les télévision et radio locales ont été adoptés à l’unanimité moins une ou deux voix lors des différents votes de la soirée. Toutefois, le débat d’entrée en matière a été nourri. Plusieurs délégués ont exprimé leur crainte du lémano-centrisme des projets romands et que leur région n’existe plus dans ce futur média. C’est d’ailleurs cette même problématique qui avait fait capoter un projet similaire dans les années 1980.

«Les Eglises réformées romandes sont différentes», a rappelé Xavier Paillard, «Mais de plus en plus semblables. Elles deviennent toutes des Eglises de minoritaires dans des sociétés où l’appartenance à une Eglise ne cesse de diminuer.» Stéphane Devaux, rédacteur en chef du Journal du Jura et président de la fondation Visage protestant a rassuré «on ne va pas balayer pas ce qui fait la force de nos journaux, on va améliorer ce qui peut l’être!» Il a rappelé que les équipes en place étaient motivées à participer à la création de «Réformés» et qu’elles assuraient ainsi une représentation de la sensibilité jurassienne dans le futur périodique. Une déléguée a toutefois pointé que le siège de la rédaction de ce futur titre serait à Lausanne: «Symboliquement, ce n’est pas très adroit, la rédaction aurait dû être à Neuchâtel!»

«Nous sommes convaincus que ce journal donnera une visibilité réformée solide sur le plan romand», a déclaré Philippe Paroz, président du Conseil synodal jurassien tout en rappelant que pour cet arrondissement, ce projet représentait aussi une économie d’un «ordre de grande de 80 000 francs par année!» Mais plusieurs délégués de paroisse ont relevé que le prix de l’abonnement qui dans cette Eglise est facturé aux paroisses augmentait légèrement. «Jusqu’à présent, les paroisses payaient deux fois!», a justifié Dominique Giauque-Gagnebin. «Une fois au travers de l’abonnement et une fois au travers de leur cotisation au Synode d’arrondissement qui versait une subvention à Visage protestant.» Une réduction de la cotisation est donc prévue.

L’arrondissement jurassien a été la première des quatre Eglises concernées à s’exprimer sur ce projet. Les réformés vaudois, éditeurs de «Bonne nouvelle» le feront lors d’un synode les 4 et 5 mars prochain, l’Eglise réformée neuchâteloise coéditrice de «La Vie protestante Neuchâtel-Berne-Jura» s’exprimera le 16 mars et le Consistoire de l’Eglise protestante de Genève, éditrice de la «Vie protestante Genève», prendra position les 17 et 18 mars. Les Eglises réformées de Fribourg et du Valais pourront, si elles le souhaitent, se joindre au projet dans les années à venir.

La première édition de «Réformés» est attendue pour novembre 2016. «Pour le Conseil exécutif, le projet ne débutera en 2016 que s’il y a unanimité des partenaires», prévient toutefois Xavier Paillard. Dans le cas contraire, le temps des négociations pour adapter le projet rendrait impossible une première parution coïncidant avec le début des festivités du jubilé des 500 ans de la Réforme.