La première institution laïque de formation d’infirmières est lausannoise

La première institution laïque de formation d’infirmières est lausannoise

L’école d’infirmière de La Source a été fondée par un couple piétiste. Ils estimaient que la charité était un devoir de tout croyant: pas seulement de sœur ou de diaconesses. Dans son édition de janvier, «Passé simple» y consacrera un dossier.

Photo: Cours d'anatomie à La Source par le Dr Henri Tecon, 1927. Photographe: Emile Gos, Archives Fondation La Source,

Jusqu’en 1859, les gardes malades étaient engagées dans des ordres religieux. Protestants convertis au mouvement du Réveil Valérie et Agénor de Gasparin remettent en cause cela et fondent à Lausanne l’école qui deviendra La Source: la première école d’infirmière laïque au monde. «“Soigner n’est pas œuvre de robe” a écrit Valérie de Gasparin», rappelle Jacques Chapuis, directeur de l’institut et haute école de la Santé La Source. «La Source a été fondée quelques années après Saint-Loup et Valérie de Gasparin a eu des mots très durs à l’encontre du pasteur Germond, fondateur de Saint-Loup, à qui elle reprochait d’imiter le modèle catholique.»

«Pour Valérie de Gasparin, il était important que les femmes qui s’engageaient dans son école gardent des conditions normales de vie», précise Séverine Pilloud historienne et professeure à La Source. Elles pouvaient, en particulier être mariées. Mais cette révolution des mœurs ne s’inscrit ni dans un mouvement d’émancipation féminine, ni dans un mouvement anticlérical, mais bien dans une vision piétiste faisant de la charité le devoir de tout croyant.

D’ailleurs, les premiers directeurs de l’institution étaient des pasteurs libristes. «Mais dès 1890, Valérie de Gasparin dote l’institution d’une direction médicale. Les médecins détrônent alors peu à peu les pasteurs», rappelle Séverine Pilloud. Les progrès et la technicisation de la médecine sont tels que les hôpitaux deviennent réellement des lieux de soins, et non seulement de prière et de réconfort. C’est aussi à ce moment que la clinique de La Source est créée. Les élèves n’apprendront plus seulement leur métier au travers de cours théoriques.

«En changeant le modèle, les de Gasparin ont dû réinventer nombre de choses», soulève Jacques Chapuis. «Si les gardes malades ne vivent plus en communauté, alors il faut les payer. Un service de placement a dû être créé pour leur trouver des emplois, car les hôpitaux étaient entre les mains d’ordres religieux. Enfin la source ayant noué des partenariats avec la Croix rouge, les sourciennent partaient régulièrement en mission à “étranger. Un système de logements a été créé pour les aider lors de leur retour à Lausanne.»

«Passé simple» a un an

L’histoire de La Source a été évoquée mercredi lors d’une conférence de presse consacrée au bilan, un an après son lancement, du magazine «Passé simple». Séverine Pilloud est, en effet, auteure d’un dossier consacré à cette question qui paraîtra dans l’édition de janvier de la revue.

Rédacteur en chef et fondateur de «Passé simple», l’historien et journaliste Justin Favrod a dévoilé que sa publication qui veut allier histoire et proximité approche les 2400 abonnés. «J’ai beaucoup demandé l’avis de mes lecteurs et j’ai gardé un conseil “l’important c’est que ce soit varié”. J’essaie donc de parler de tous les cantons, de mélanger textes courts et plus longs, de laisser de la place à des auteurs issus du milieu académique, comme à des journalistes.»