Photo: Une soucca sur un balcon CC(by) Christian Aubry

, RNS/Protestinter

Pourquoi mes voisins juifs mangent-ils dans une cabane de jardin cette semaine?

C’est une soucca qu’ils ont construite à l’occasion du Souccot, la fête juive des moissons qui commémore aussi les 40 ans d’exode des Israélites dans le désert après leur libération de l’esclavage. Les souccas ressemblent aux abris de fortune dans lesquels ils vivaient avant d’atteindre la terre promise. «Vous demeurerez pendant sept jours sous des tentes, ordonne Dieu (Lévitique 23:42­-43), afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des tentes les enfants d’Israël, après les avoir fait sortir du pays d’Egypte.»

Est­-ce qu’un garage, une cabane à outil ou une terrasse peut faire office de soucca?

Non. Il y a plusieurs règles précises concernant la construction d’une soucca. Il faut notamment qu’elle soit en extérieur à ciel ouvert, et qu’elle ne mesure pas plus de 10 mètres environ, pour qu’on ne s’y sente pas comme dans une maison. Les constructeurs de la soucca sont libres de choisir les matériaux des murs. Mais les anciens rabbins demandaient que le toit soit fait d’une couverture végétale, comme du bambou, des tiges de maïs ou de la paille. On appelle cela un sechach, et il doit protéger du soleil tout en permettant de voir les étoiles la nuit. La soucca est conçue volontairement comme une structure temporaire, pour rappeler aux Juifs la fragilité des créations terrestres par rapport à la solidité de la foi et de la tradition. C’est aussi un lieu de fête –beaucoup sont décorées avec des dessins d’enfants, et les repas dans la soucca sont faits pour être partagés avec des invités.

Et si l’on vit dans un appartement? Comment peut­-on construire une soucca?

«On peut les installer sur un balcon, c’est très courant en Israël», explique la rabbin Deborah Bodin Cohen, responsable de l’enseignement de la Congrégation Har Shalom du Potomac, dans le Maryland aux Etats-Unis. Pas de balcon? Les Juifs qui vivent en appartement construisent souvent une soucca communautaire sur le toit, ou à côté de l’immeuble. «Vous pouvez aussi vous rendre dans la soucca d’une synagogue ou dans celle d’un ami», souligne Deborah Bodin Cohen.

Doit­-on dormir dedans?

Oui et non. Le Talmud, l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique, dit qu’un homme devrait habiter dans la soucca pendant les célébrations. Mais cette obligation est levée s’il n’était pas confortable d’y dormir. La plupart des Juifs d’Occident dorment dans leur chambre pendant le Souccot.

Et voilà que mes voisins juifs secouent une longue chose verte et un citron géant. Que se passe-t-il?

C’est un «loulav», une branche de palmier combinée à de la myrte et à des branches de saule, ainsi qu’à un agrume jaune appelé cédrat ou etrog. Ensemble, ils constituent les quatre espèces mentionnées dans le livre du Lévitique, chapitre 23, verset 40. Durant les prières du Souccot, le loulav et le cédrat sont tenus entre les mains et agités d’avant en arrière, de gauche à droite, et de haut en bas. «Cela évoque la présence de Dieu dans toutes les directions», explique Deborah Bodin Cohen.

Je doute qu’ils vendent des cédrats dans mon supermarché.

En effet. Les Juifs à travers le monde les font généralement venir d’Israël, tout comme les loulav.

Comment puis­-je en savoir plus?

En regardant un film israélien qui a pour thème la fête du Souccot et en illustre les différents aspects: son titre est Ushpizin, ce qui veut dire «invité» en hébreu.