Parler du catéchisme en famille serait-il devenu tabou?

Parler du catéchisme en famille serait-il devenu tabou?

Pour engager les discussions autour du catéchisme dans la sphère familiale, l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel propose des exemples de lettres, celle d’une adolescente à ses parents et celle d’une grand-maman à sa fille, basées sur des situations réelles

Photo: CC (by-nc-sa) Daniel Dimarco

«Papa, je sais que tu en veux encore à Grand-Maman de t’avoir obligé d’y aller, mais c’est plus comme avant. Là, on ne t’oblige pas à penser tous la même chose, chacun dit ce qu’il croit et ça les aide à réfléchir ensemble. Enfin, c’est Sophie qui m’a dit. Elle m’a dit aussi qu’ils chantaient des trucs trop cool comme des gospels, et qu’ils faisaient beaucoup d’animation sous forme de jeux», peut-on lire dans l’exemple de lettre qu’une adolescente écrit à ses parents pour les convaincre de la laisser aller au catéchisme. Cette missive, publiée sur le site de l’Eglise évangélique réformée du canton de Neuchâtel (EREN), sert à faciliter la discussion autour du catéchisme dans la famille.

L’autre lettre, celle d’une Grand-Maman à sa fille, illustre l’évolution de la pratique de la religion d’une génération à l’autre. «On vous a baptisés, toi et tes frères, et on a promis qu’on vous donnerait une éducation religieuse. Ça n’a pas été très concluant, et je sais que vous m’en voulez encore de vous avoir obligés à faire votre catéchisme. Naïvement, j’avais espéré que vous découvririez ce qui m’est encore si cher aujourd’hui, mais que je n’ai jamais réussi à partager avec vous. […] Et si mes petits-enfants pouvaient vivre ce que j’ai tant espéré que vous viviez-vous?», écrit la grand-mère fictive.

Des situations réelles

Ces deux situations sont basées sur des faits réels. «L’année passée, une catéchumène n’a pas pu venir au caté, car ses parents n’en voyaient pas l’intérêt. Je remarque que certains parents ne prennent pas au sérieux la démarche de leurs enfants. Je discute beaucoup aussi avec les paroissiennes et certaines grands-mamans me disent à quel point cela leur fait plaisir de constater que leurs petits-enfants se plaisent au catéchisme, des situations qu’elles n’ont pas pu partager avec leurs propres enfants», explique Nathalie Leuba, formatrice d’adulte et co-responsable du catéchisme dans les paroisses de La Chaux-de-Fonds et des Hautes Joux qui constate une évolution au niveau sociologique.

«Il n’y a pas si longtemps, les parents mettaient la pression à leurs enfants pour qu’ils aillent au catéchisme, alors qu’il n’en avait pas forcément envie. Cette génération s’est distancée de l’Eglise et maintenant certains enfants ont envie d’y participer et les parents ne comprennent plus rien», précise Nathalie Leuba. «Le nombre de catéchumènes a beaucoup baissé ses dix dernières années, mais la plupart des jeunes qui s’inscrivent poursuivent leur engagement en tant que moniteur par la suite». Les paroisses de La Chaux-de-Fonds et des Hautes Joux comptent 70 moniteurs - des jeunes qui après leur catéchisme effectuent une formation de trois ans, au sein de l’EREN, pour être moniteurs de camp - alors que moins d’une trentaine de jeunes commencent le catéchisme chaque année. «Certains parents redécouvrent l’Eglise grâce à leurs enfants», sourit Nathalie Leuba.