Vague de solidarité dans les Eglises

Vague de solidarité dans les Eglises

Alors que l’Europe est confrontée à un flux migratoire croissant, plusieurs Eglises romandes appellent à la solidarité et mettent des locaux à disposition des exilés

Photo: CC (by-sa) Béatrice Dillies

Alors que l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a proposé à l’Etat de Vaud de mettre temporairement les cures inoccupées à disposition de l’Etablissement vaudois des migrants (EVAM), les Eglises catholique et réformée du canton de Fribourg invitent les paroisses à accueillir des familles de réfugiés. A Neuchâtel, une cure inoccupée a déjà été proposée à l'Etat afin qu'il la mette à disposition des exilés. Parallèlement, l'Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) est en train de rédiger un guide, en lien avec les actions du Centre social protestant, pour expliquer comment faire pour héberger un réfugié, collecter des biens de première nécessité ou encore faire du bénévolat.

«Il est de la responsabilité des Eglises de s’intéresser à la question de la migration, vu la situation actuelle», souligne le pasteur Emmanuel Fuchs, président du Conseil du Consitoire de l’Eglise protestante de Genève (EPG). «Pour la deuxième année consécutive, nous avons proposé au Grand Conseil de mettre à disposition le réseau de l’Eglise ainsi que des locaux pour accueillir les réfugiés». L’EPG a toutefois instauré trois conditions. Il faut expliquer pourquoi vouloir se loger dans un lieu d’Eglise plutôt que dans une salle de gym. La situation doit être temporaire. L’accueil et le logement des migrants sont sous la responsabilité de l’Etat. Jusqu’à maintenant, «ces conditions n’ont jamais pu être honorées». Au contraire des cantons de Berne et de Fribourg où l’Etat a fait appel aux Eglises pour trouver des lieux d’hébergement.

Du côté de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure, le Synode demande aux paroisses «de rechercher des logements à mettre à disposition des réfugiés, tout en contribuant à l’accueil des réfugiés dans un esprit d’ouverture et d’hospitalité». Mais en tant que locataire, doit-on informer son propriétaire si on souhaite accueillir une famille de migrants? Selon le juriste Jacques Ansermet de la Chambre vaudoise immobilière: «Tout locataire peut héberger un tiers dans les locaux loués pendant une période plus ou moins longue. Le bailleur ne pourrait réagir que si une éventuelle suroccupation des locaux devait engendrer des nuisances pour le voisinage».

Volonté d’intégration

«Nous souhaitons non seulement trouver des lieux d’hébergement, mais aussi créer des groupes d’accompagnement et d’intégration des migrants», ajoute le pasteur Pierre-Philippe Blaser, président du conseil synodal de l’Eglise réformée fribourgeoise. «Nous avons reçu énormément de propositions de personnes qui veulent aider les migrants», a constaté la diacre Anne-Mad Reinmann qui travaille à l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés (AGORA). D’ailleurs, la Coordination asile.ge a créé un petit guide pratique qui répertorie les différentes associations genevoises actives dans le domaine de l’asile et explique comment aider concrètement les migrants.

Au niveau national, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a demandé à ses Eglises membres, dans un communiqué datant du 24 septembre, «d'accueillir les réfugiés et d'examiner si elles avaient des locaux à mettre à disposition». Lors de sa dernière Assemblée, la FEPS avait déjà invité le Conseil fédéral à augmenter le contingent de réfugiés et demandé aux paroisses ainsi qu'aux membres des Eglises de «cultiver l’hospitalité à l’égard des réfugiés». De son côté, l’Entraide protestante a mis sur pied plusieurs projets pour aider les familles qui fuient l’Irak et la Syrie.