L’Eglise protestante de Genève précise le statut de ses membres

L’Eglise protestante de Genève précise le statut de ses membres

Réuni en Consistoire le 17 et 18 septembre dernier, les députés de l’Eglise protestante de Genève ont débattu du statut des membres de leur Eglise
Qui sont les protestants genevois? Qui signifie être membre? Comment instaurer des critères sans être restrictif?

«La question de membre touche directement notre identité. Qui sommes-nous? Quelle est la richesse d’être membre de l’Eglise protestante de Genève (EPG)?», a lancé le pasteur Etienne Jeanneret, de la commission d’étude du Consistoire qui a rendu, jeudi 17 septembre, son premier prérapport sur l’épineuse question du statut des membres de l’EPG. Selon l’article 6 de la Constitution de l’EPG, actuellement sont membres toutes les personnes habitant le canton de Genève «qui se reconnaissent comme protestantes, qui ont été enregistrées comme telles par l’administration ecclésiastique et qui n’ont pas manifesté leur appartenance à une autre Eglise ou communauté religieuse».

En novembre 2014, le consistoire a nommé une commission pour repenser ce statut. «Avant, le nombre de protestants nous était transmis par le contrôle des habitants, mais cela ne fonctionne plus. Par exemple, nous ne recevons plus d’informations concernant les naissances. Et cela engendre des difficultés pour transmettre les informations. Nous estimons qu’un tiers des protestants genevois ne sont pas inscrits dans notre registre. De plus, certaines personnes qui participent aux activités de l’EPG ont une double appartenance religieuse. Selon le statut actuel, elles ne peuvent pas être considérées comme des membres», explique Emmanuel Fuchs, le président du Conseil du Consistoire (exécutif).

Catégoriser les «affiliés à l’Eglise»

Dans son prérapport, la commission a proposé de distinguer plusieurs catégories d’ «affiliés à l’Eglise»: les «protestants (au sens large)» qui ne fréquentent aucune paroisse et ne sont vont pas régulièrement au temple, les «membres de l’EPG» qui prennent part à la vie active de l’Eglise, les «sympathisants ou amis de l’EPG» qui manifestent leur attachement sans pour autant vouloir en être membre et les «fresh expressions» occasionnellement concernés par une activité ecclésiale. La commission a également établi quatre prérequis pour les personnes désirant être membres: «Adopter la Déclaration de foi préalable à la Constitution de l’EPG, être baptisé, prendre part à la vie communautaire et soutenir concrètement l’Eglise».

Ce rapport a fait réagir l’assemblée qui a débattu des différentes propositions. «Je suis surprise qu’il y ait une catégorisation des membres. Cela ne risque-t-il pas de faire fuir les gens?», s’interroge Isaline Stahl, de la paroisse de Carouge. De son côté, le vice-modérateur Blaise Menu souhaite des références historiques pour se rappeler «d’où nous venons et savoir où aller», afin «d’étayer un avis plutôt que d’avoir des opinions».

Le baptême, un critère?

Le critère du baptême pour être membre fait également réagir. «Certains jeunes de l’EPG, qui se considèrent comme des membres, ne sont pas baptisés et ne paient rien, mais ils donnent de leur personne», relève la pasteure Vanessa Trüb. «Et les personnes avec une double appartenance confessionnelle? Certains paroissiens de l’EPG sont baptisés catholiques et participent aux activités de deux communautés religieuses», ajoute un député de la région Champel-Malagnou.

«Il faut se donner les moyens d’être organisé. Notre communauté doit pouvoir vivre. Tout un chacun est le bienvenu, mais il faut payer de sa personne et de ses biens, c’est le fonctionnement d’une association. Les personnes qui bénéficient de nos prestations doivent suivre les règles. On en appelle à la cohérence des membres», propose le juriste Laurent Extermann, de la région Rive-droite.

«La réflexion se situe à différents niveaux. Derrière les aspects administratifs, il y a une question de fond. En instaurant des critères, on pourrait donner l’impression d’être fermé et je ne suis pas le pasteur d’un club. Nous devons tendre à l’ouverture, tout en clarifiant nos listes et faciliter aux personnes d’entrer dans nos registres», explique Emmanuel Fuchs. Après ce premier retour, la Commission d’étude continuera à travailler sur ce dossier qui sera à nouveau soumis aux consistoriaux, lors des prochains Consistoires.

Un journal romand pour fin 2016

«Le nouveau journal romand comportera 44 pages, dont 28 romandes et 16 régionales. Il paraîtra dix fois par année. Les charges seront réparties entre les différentes Eglises, selon une clé de répartition qui n’a pas encore été définie», explique Charles de Carlini, membre du Conseil du Consistoire et faisant partie de la commission des finances de la future publication. Le journal romand devrait voir le jour fin 2016. Il est prévu qu’il remplace les «Vie Protestante» des cantons de Genève, Neuchâtel, Berne, du Jura, et «Bonne Nouvelle» du canton de Vaud. «Les coûts pour l’EPG seront nettement inférieurs à ceux de l’actuelle VP de Genève, qui coûte 348'000 francs par année, contre 150’000 à 250'000 francs pour le journal commun», ajoute Charles de Carlini.

«La visée première d’un journal romand n’est pas économique. Nous voulons faire Eglise ensemble. Nous avons tous la volonté d’un journal commun, mais actuellement les objectifs des différents journaux ne sont pas toujours les mêmes. Nous travaillons à un compromis, mais si cela ne nous convient pas nous pouvons nous retirer du projet», a expliqué Emmanuel Fuchs, lors du Consistoire. Au printemps, les députés de chaque Eglise devront se prononcer sur ce projet.