Feu vert aux travaux de révision de la législation concernant les Eglises bernoises

Feu vert aux travaux de révision de la législation concernant les Eglises bernoises

Derniers pasteurs payés par le canton du pays, les pasteurs bernois devraient bientôt devenir employés d’Eglise. Les députés du Grand conseil bernois ont, en effet, pris connaissance du rapport du Conseil exécutif du gouvernement qui guidera les travaux de révisions des rapports Eglises-Etat

Photo: Côte à côte, l’Eglise Saint-Pierre-et-Paul (catholique chrétienne) et le Rathaus où siège le Grand conseil bernois

Il aura fallu près de sept heures de débat aux députés du Grand conseil bernois pour «prendre connaissance» du rapport du Conseil exécutif sur les relations entre Eglise et Etat, ces mardi 15 et mercredi 16 septembre. Cinq heures de débat passionné mardi après-midi n’ont pas suffit mardi et le débat a débordé jusqu’à presque 11h, mercredi matin.

Mardi 15, les députés appelés à s’exprimer sur le rapport du Conseil exécutif concernant les relations entre Eglise et Etat ont commencé par débattre plus de 2h30 avant d’entrer dans le vif du sujet. La députée Andrea Gschwend-Pieren, satisfaite de la situation actuelle demandait que le Grand conseil n’entre tout simplement pas en matière. «Plutôt que de céder à la réformite aigüe, nous ferions mieux de nous réjouir d’une structure qui fonctionne!» La majorité du Grand conseil ne l’a pas suivie et s’est laissée convaincre «à l’arrivée du vent du changement de construire des moulins à vent plutôt que des murs», selon l’expression de la PBD Vania Kohli.

D’autres députés ont tenté de retourner le projet au Conseil exécutif, tâche à lui de lui apporter des modifications. Trois demandes de renvoi étaient ainsi présentées. Réunissant des députés non pas selon un traditionnel clivage gauche-droite, mais davantage selon leur sensibilité religieuse ou leur conception de l’Etat. Seuls les Verts libéraux semblaient unis derrière un projet de séparation stricte entre Eglise et Etat.

Soutien réaffirmé à l’Eglise

La majorité des députés a toutefois témoigné son attachement au soutien étatique de l’Eglise. Le rapport des experts Rudolf Muggli et Michael Murti, qui a servi de base de travail au gouvernement a été régulièrement cité. Ce document démontre, en effet, que les Eglises reconnues rapportent bien plus à l’Etat sous forme d’œuvres et de cohésion sociale qu’elles ne coûtent. Occasion pour les membres d’Eglises libres de rappeler combien leurs communautés aussi jouaient un rôle social, mais sans recevoir un centime.

Finalement, le Vert Antonio Bauen résumera, au sujet du projet du gouvernement: «C’est une montagne qui a accouché d’une souris. Mais les Verts veulent soutenir cette souris.» Le débat sur les lignes directrices qui guideront les travaux de révision des lois et règlements a donc pu débuter vers 16h.

Par 89 voix contre 22 et 3 abstentions, le Grand conseil a refusé d’introduire une proposition du Vert libéral Michael Köpfli: «Le canton de Berne vise la séparation de l’Eglise et de l’Etat». Le principe de l’engagement des ministres par les Eglises a, par contre, été adopté. L’admission d’ecclésiastique dans le clergé bernois ainsi que la dotation des paroisses dépendront des Eglises, mais les députés ont tenu à préciser que les exigences actuelles en matière de formation notamment devraient être respectées. Un nouveau système de financement «fiable et moderne» devra être adopté, assorti de conventions de prestations.

Après un débat un peu plus nourri, la majorité des députés a choisi de ne pas remettre en question les droits historiques de l’Eglise réformée. Le versement des salaires des pasteurs par l’Etat date, en effet, d’un arrêté de 1804. L’Etat avait repris les biens de l’Eglise, en échange de quoi, celle-ci obtenait un droit au traitement de ces ministre. Pour le député du Parti évangélique Philippe Messerli, ne pas remettre en question ce droit est «l’épée de Damoclès qui menace cette réforme!»

Mercredi, avant le vote final, il a été décidé de ne pas abroger l’impôt ecclésiastique pour les entreprises.