Deux organisations caritatives dénoncent la multinationale Vitol

Deux organisations caritatives dénoncent la multinationale Vitol

Une enquête de Pain pour le prochain et d’Action de Carême, présentée lundi 24 août à Berne, accuse la multinationale suisse Vitol, active notamment dans le négoce de charbon en Afrique du Sud, de ne pas remplir son devoir de diligence

Photo: Les villageois s'opposent aux projets miniers © PPP/Daniel Tillmanns

«Vitol n’a pas répondu au questionnaire concernant son application des droits humains, envoyé par Pain pour le prochain, en mai 2015. De plus, la multinationale n’a pas répondu à la proposition de discussion des résultats de notre enquête. C’est seulement trois jours avant la publication du rapport que l’entreprise nous a contactés», explique Yvan Maillard Ardenti, spécialiste entreprises et droits humains de Pain pour le prochain (PPP). Lundi 24 août, les œuvres d’entraide Pain pour le prochain et Action de carême ont présenté à la presse, une étude qui évalue l’approche des droits humains de Vitol et de l’un de ses fournisseurs Coal of Africa, qui exploite des mines de charbon, en fonction des normes préconisées par l’ONU (http://www.humanrights.ch/fr/dossiers-droits-humains/stn/normes/onu/). Le rapport conclut que «Vitol n’a pas appliqué les Principes directeurs sur les entreprises et les droits humains et qu’elle n’a pas pris les mesures nécessaires pour réduire son implication potentielle dans des violations de droits humains.»

La multinationale Vitol, spécialisée dans le négoce de matières premières, est la plus grande entreprise suisse au niveau de son chiffre d’affaires qui s’élève à 254 milliards de francs. Exportateur exclusif de la mine de charbon de Vele –actuellement fermée, mais qui sera renouvelée et agrandie–, située dans la région de Limpopo, au nord de l’Afrique du Sud, Vitol a également un contrat de livraison pour le projet minier de Makhado, dans la même région, où du coke et de la houille devraient y être extraits à partir de 2018. «L’extraction de charbon a de nombreux impacts sur l’agriculture et l’approvisionnement en eau dans une région considérée comme le «garde-manger» de l’Afrique du Sud», explique John Capel, le directeur de la Bench Marks Foundation, l’organisation qui a réalisé la recherche.

Vitol réfute les accusations

Contacté par Protestinfo, Vitol a répondu par email: «Les conclusions du rapport de Pain pour le prochain sont fausses, basées sur un mélange d'ignorance et d’incompréhension des faits. Nous avons essayé de le signaler aux auteurs de l'étude, et regrettons qu'ils n'aient pas pris les faits en compte». «D’après notre expérience, les firmes qui sont les plus en avance en matière de droits humains communiquent de manière transparente», relève Yvan Maillard Ardenti.

«Il faut des lois qui obligent les entreprises suisses actives à l’étranger à traiter leurs affaires partout avec la diligence nécessaire», revendique la conseillère nationale Lucrezia Meier-Schatz, présidente du Conseil de fondation d’Action de Carême. «Le Conseil national a raté, lors de la session de printemps 2015, l’occasion de le souligner. L’initiative pour les multinationales responsables est la réponse à cet échec».