Coup de jeune dans l’Eglise Protestante de Genève

Coup de jeune dans l’Eglise Protestante de Genève

Le Consistoire, organe délibérant de l’Eglise protestante de Genève (EPG) se réunissait jeudi et vendredi au temple de Malagnou (photo). Finances, groupes de jeunes et nom des employés laïcs étaient notamment au programme de cette session.

et Joël Burri

Les jeunes de 20 à 30 ans se sentent «trop vieux pour être dans les groupes des post-catéchisme, et trop jeunes pour entrer dans nos paroisses», a lâché André Assimacopoulos devant le Consistoire, organe délibérant de l’Eglise protestante de Genève (EPG). Le président du service catéchèse, formation et animation (SCFA), avant de passer le micro aux jeunes représentants de la commission, qui ont exposé vendredi soir leur rapport et leurs demandes.

«Les offres de l’Eglise, la vie paroissiale ne correspondent à nos projets. Nous voudrions créer une communauté de jeunes qui réponde à nos besoins. Il nous manque un lieu pour partager notre foi, nos soucis, qui sont spécifiques», ont-ils expliqué. Et des projets, ils en ont: «nous aimerions pouvoir disposer du temple de Plainpalais, qui est proche de tout, facilement accessible et à deux pas des universités. Nous pourrions y installer un café-church, proposer un brunch le dimanche, y faire des conférences, des concerts, en lien avec toute l’Eglise, et avec le soutien de la faculté de théologie… Nous sommes l’Eglise de demain», ont rappelé les jeunes gens, «et nous avons besoin de ministres pour nous accompagner, nous permettre de grandir dans notre foi, et de l’aide du service de communication de l’église. Nous sommes sûrs que la jeunesse attirera la jeunesse… Et que les jeunes reviendront dans les paroisses après».

La balle est maintenant dans le camp de l’Eglise Protestante de Genève: «prendra-t-elle le risque de rajeunir et de redevenir vivante et dynamique?» a lancé en souriant Nicolas Lüthi, jeune pasteur engagé récemment dans l’Eglise.

Les prédicateurs perdent leur adjectif «laïc»

Non, les prédicateurs-laïcs de l’EPG) ne sont pas des prédicateurs non confessant. Laïc est à comprendre ici comme non consacré. Pour mettre fin à cette confusion, le Consistoire a décidé jeudi de renommer ces laïcs qui montent en chaire «prédicateurs», tout simplement. Cette option a obtenu la majorité des voix dès le premier tour, jeudi au temple de Malagnou lors de la première des deux soirées de cette session de Consistoire. Durant le débat, plusieurs propositions concurrentes avaient été faites: prédicant, terme utilisé par Calvin ou prédicateur-célébrant, censé insister sur le fait que ces personnes président l’ensemble de la célébration. Les propositions d’attendre avant de prendre une décision ou de conserver le terme de prédicateurs-laïcs ont également été faites.

Les laïcs employés par l’Eglise pour d’autres fonctions que la prédication auront quant à eux, enfin un nom! Ce sera «chargé de ministère». Cette proposition a été combattue par le délégué de la faculté de théologie Hans-Christoph Askani, qui a souligné qu’un ministère représentant déjà une charge, cette formulation revenait à faire de ces professionnels des «chargés de charge». Un argument qui n’a pas empêché «chargé de ministère» d’être choisi, devant assistant pastoral, assistant ministériel, délégué pastoral ou agent pastoral. Le choix de ces noms était le dernier élément manquant de la refonte de la théologie des ministères adoptée en mars dernier par le Consitoire. Ce rapport, attendu depuis 2007, définit les rôles des pasteurs, des diacres et des laïcs au sein de l’EPG. Le pasteur Blaise Menu a toutefois «rassuré» l’assemblée: «Quoi qu’il arrive, quoi que nous votions, les habitudes ont la vie dure! Nous continuerons encore longtemps à parler de prédicateurs-laïcs avec ce petit frisson que l’on a quand on a l’impression de croquer dans le fruit défendu par le Consistoire.»

Jeudi, le Consistoire a aussi choisi de laisser les paroisses libres d’organiser elles-mêmes les votations au Consistoire de 2016 ou de procéder à une délégation de leur compétence aux autorités régionales. Pour 2020, l’objectif annoncé est que toutes les élections se fassent au niveau régional, puisque ce sont les régions à qui sont attribués désormais les postes ministériels et non plus aux paroisses.

Finance: des nouvelles rassurantes.

Vendredi, Eric Vulliez, responsable des finances et de l’immobilier de l’EPG a donné des nouvelles rassurantes des finances de l’Eglise. Alors qu’à Noël, les dons étaient largement en dessous des objectifs fixés par le budget un effort mené tant par les paroisses que par l’Eglise cantonale a permis de rattraper ce retard. L’objectif des dons a ainsi pu être dépassé de 4,6%. Par ailleurs, des efforts ont été faits pour réduire les dépenses. L’exercice, qui se terminait fin mars, se boucle donc avec un déficit opérationnel de 705’000 francs, de 48% moins important que la perte budgétisée. Un don anonyme extraordinaire a permis de boucler l’année «quasiment à 0», a précisé Eric Vulliez. Le directeur estime ainsi que «la maison EPG n’est plus en feu, mais il reste de la fumée, et il faut surveiller les braises.»

Par ailleurs, la direction de l’Eglise a continué sa stratégie immobilière. Certains presbytères sont vendus pour financer la rénovation d’autres en logement de standing. A terme, 10% de la mission de l’EPG devrait être financée par les rentrées immobilières.

le projet Tärava

Projet phare qui motive 28 jeunes, dont deux des six piliers de la commission des jeunes présente au Consistoire: le projet Tärava. Agés de 17 à 24 ans, is se préparent à partir rencontrer très officiellement l’Eglise protestante Ma’ohi (EPM). Cette Eglise de Polynésie française les a invités, afin de les sensibiliser à l’urgence de la question de la montée des eaux et aux questions de réfugiés climatiques.

Ce projet va permettre un premier «recrutement» pour cette communauté de jeunes, explique la pasteure Vanessa Trüb. Ce grand projet de solidarité et d’échange se déploie sur plus d’une année de septembre 2014 à décembre 2015.

En plus de Vanessa Trüb et de Georges Deshusses, diacre responsable de Terre Nouvelle, le groupe sera accompagné de deux autres personnes qui depuis des années sont engagées auprès des jeunes générations: Myriam Sintado, et Bruno Miquel, pasteur de la paroisse Cologny Vandeouvres Choulex.

«Ces jeunes engagés dans notre église, c’est une vraie pépinière, et ce sont véritablement des missionnaires», a rappelé Vanessa Trüb. «De plus, ce sont eux qui vont porter la campagne Terre Nouvelle à la rentrée de septembre, les mêmes qui sont prêts à s’engager pour faire grandir la communauté des jeunes sur Genève».

Les organisateurs regrettent toutefois qu’une bénédiction pour l’envoi de ce groupe n’ait pas pu avoir lieu vendredi au Consistoire. Un culte d’envoi, présidé par le pasteur Roland Benz, a eu lieu en présence des familles dans le temple de Plainpalais hier dimanche 14 juin.