«L’embryon dans l’éprouvette ne peut pas être protégé davantage que celui qui se trouve dans le ventre de sa mère»

«L’embryon dans l’éprouvette ne peut pas être protégé davantage que celui qui se trouve dans le ventre de sa mère»

Protestinfo donne régulièrement carte blanche à une personnalité réformée.

Pasteur et théologien, Jean-Marie Thévoz est l’auteur d’«Entre nos mains l’embryon», paru chez Labor et Fides en 1990. A quelques jours d’une votation visant à autoriser le diagnostic préimplantatoire en Suisse, il prend position.

Photo: CC(by-nc-nd) Googhie

Le débat autour du diagnostic préimplantatoire tourne uniquement autour de la préservation de l’embryon et l’idée qu’aucun tri n’est acceptable. C’est ce qui a amené la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a se ranger du côté de la Conférence des Evêques suisses. Le débat oublie que la valeur principale dans le dossier de la procréation et de la famille est le bien de l’enfant. C’est ce que je souhaite aborder, en tant que théologien et éthicien spécialiste en bioéthique.

Pour le bien de l’enfant à naître, il est nécessaire de protéger davantage la mère que l’embryon de quelques cellules. Cette affirmation est en harmonie avec les articles du Code pénal sur l’avortement qui hiérarchise clairement: la santé de la mère passe avant la vie du fœtus.

L’actuel article de la Constitution privilégie une protection absolue de l’embryon davantage que la santé de la mère, le bien de l’enfant et de la famille. Le nouvel article proposé en votation ce 14 juin essaie de rétablir une meilleure balance. L’embryon dans l’éprouvette ne peut pas être protégé davantage que celui qui se trouve dans le ventre de sa mère, c’est une situation absurde.

En ce qui concerne le risque que la sélection des embryons conduise à une société sans handicap ou qui ne tolère plus le handicap, il faut souligner que — malheureusement — il y aura toujours des naissances d’enfants avec des anomalies génétiques, ne seraient-ce que les premières naissances dans des couples porteurs du même gène récessif, ou du fait de maladies métaboliques ou d’accidents.

En ce qui concerne le risque de marginaliser davantage les enfants qui naîtraient avec un handicap, ceux qui demandent de maintenir l’interdiction du DPI, n’ont jamais démontré que le développement du diagnostic prénatal depuis plus de 30 ans a créé une marginalisation des handicapés, ou des discriminations supplémentaires, ou une diminution de leurs soins. Au contraire, tout montre que le caractère exceptionnel d’une naissance avec handicap a conduit à une augmentation de l’acceptation du handicap. La diminution du nombre d’enfants dont il faut prendre soin a augmenté la qualité de la prise en charge. On voit, par exemple que l’image des enfants trisomiques dans la société s’est réévaluée pendant cette période et qu’ils sont de mieux en mieux intégrés dans la société, voir à l’école.

Pour la protection de la famille, pour que les parents aient le choix d’écarter le risque (qui se monte à 25% ou 50% dans les maladies génétiques transmissibles) d’avoir un deuxième enfant porteur du même handicap qu’ils expérimentent avec le premier enfant, il est important d’accepter cette modification constitutionnelle.