Avec les «Fresh Expressions» les Eglises renouent avec l’évangélisation

Avec les «Fresh Expressions» les Eglises renouent avec l’évangélisation

Comment renouveler la transmission du message de l’Evangile? De nouvelles formes d’Eglises, appelées «Fresh Expressions», privilégient la rencontre et le partage pour entrer en contact avec des personnes distancées des institutions ecclésiastiques. Un groupe de pasteurs des Eglises réformées et évangéliques a présenté cette pratique d’évangélisation, vendredi 29 mai, à Yverdon-les-Bains.

Photo: CC (by-nc-nd) Chema Concellon

«Cette journée vise à nous permettre de trouver en nous les ressources pour penser les systèmes ecclésiaux différemment», explique Vanessa Trub, pasteure de l’Eglise protestante de Genève, vendredi 29 mai, à la Fondation Mojira, à Yverdon-les-Bains. «Nous représentons des cultures, des spiritualités et des théologies différentes, il s’agit de rejoindre d’autres diversités», explique le pasteur de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), Frédéric Keller, modérateur de la rencontre.

Dans une société où l’Eglise réformée perd des adeptes, certains membres réfléchissent à de nouvelles formes d’évangélisation. Les «Fresh Expressions» pourraient être la solution. Ce sont «de nouvelles formes d’Eglises adaptées à notre culture en mouvement, elles s’adressent principalement à ceux qui ne sont encore membres d’aucune Eglise», explique la pasteure de l’EERV Aude Roy Michel, coorganisatrice de la journée. «Ce n’est pas un projet pour ramener des gens dans nos paroisses ou à l’Eglise. Il s’agit d’entrer en contact avec les personnes et de privilégier la relation plutôt que la pratique de la religion», explique-t-elle.

Plusieurs formes de «Fresh Expressions» existent actuellement en Suisse romande. Par exemple, la «God’s river house», un bar de motards chrétiens à Oron-la-ville qui se servent de leur bolide pour apporter l’Evangile. Contrairement aux bars de motards, celui-ci ne sert pas d’alcool, des Bibles sont posées sur le comptoir et on y prie tous les jeudis soir. «Il s’agit de proposer un endroit différent, car nos membres n’iraient jamais dans une Eglise. Nous avons un rôle d’aumônier dans ce milieu», explique Serge Hänzi, le vice-président des «Disciples of Christ».

Une communauté au centre de Vevey

Du côté de la Riviera, «L’Arbre de vie», une communauté de services et de prières, s’est établi dans le quartier multiculturel du Général Guisan à Vevey qui héberge un centre de requérants d’asile, depuis février 2015. Le projet issu de trois paroisses de l’Eglise réformée vise à tisser des liens avec les résidents et les requérants. Actuellement ouvert le dimanche après-midi, le lieu de rencontre offre un espace pour prendre le thé et pour prier. «Nous sommes au début de notre projet. Par la suite, nous souhaiterions organiser des journées d’activités. Et dans un deuxième temps, louer un appartement dans le quartier pour en faire un espace convivial, un lieu de vie où on pourrait cuisiner ensemble, faire des jeux et vivre la communion en Christ de manière concrète», explique le théologien Olivier Keshavjee, initiateur du projet.

Dans la région fribourgeoise, le pasteur-conteur Olivier Fasel a développé, depuis une quinzaine d’années, un projet pionnier d’Eglise communautaire et créative orienté vers la jeunesse et les familles et dont la moyenne d’âge est de 25 ans. «On prépare le culte, qui a lieu le samedi à 17h30, avec les enfants», explique-t-il. «L’idée est l’évangélisation par la rencontre, nous témoignons de ce qui nous habite, notre démarche est non dogmatique», ajoute Olivier Fasel.

Parmi les nouvelles formes de transmission du message l’Evangile, on retrouve également «Ma femme est pasteur», une web série humoristique sur le quotidien d’un couple où la femme est ministre ou encore Les Théopopettes, des marionnettes qui abordent des questions existentielles à travers le regard des enfants Théo et Popette.

Des Eglises mobiles

Les «Fresh Expressions» ont commencé à se développer dans les années 1990, en Angleterre. L’Eglise anglicane parle alors d’économie mixte, illustrée par la métaphore des lacs qui représentent les paroisses et des Eglises symbolisées par des rivières. Les «Fresh Expressions», soit les rivières, sont toujours mobiles. Elles peuvent s’implanter dans de nouveaux réseaux et transformer la société.

«Entre 1992 et 2012, les «Fresh Expressions» ont explosé en Angleterre», explique Aude Roy Michel. Alors qu’une trentaine ont vu le jour en 1990, environ 2000 nouvelles formes d’Eglises se sont développées entre 1991 et 2012. «Ces nouvelles formes d’Eglises peuvent durer un moment, puis se séparer en différents groupes ou disparaître, elles bougent. Pour créer une «Fresh Expressions», il faut beaucoup d’audace, du courage et aucune garantie de succès», sourit Aude Roy Michel.

Liens:

La Plateforme suisse des «Fresh Expressions»

Le projet Khi de l’EERV