Des jeunes se mobilisent pour les droits humains

Des jeunes se mobilisent pour les droits humains

Une vingtaine de jeunes militants venant de treize pays différents se sont réunis à Begnins (VD), du 3 au 12 avril dernier. Participant au cours annuel de l’ONG genevoise, le Codap, ils ont pu trouver les outils et les conseils nécessaires pour développer des projets visant le respect des droits humains aux quatre coins du monde.

Photo: Les participants au cours

«Nous proposons aux participants des techniques et des connaissances de base directement utilisables à l’issue du cours», explique Cédric Chatelanat, le coordinateur international du Centre de conseils et d’appuis pour les jeunes en matière de droits de l’homme (Codap). Depuis 28 ans, cette association genevoise organise annuellement dix jours de cours pour de jeunes militants francophones actifs dans une association. Au programme, les mécanismes de protection des droits humains, le traitement de l’information ou encore les stratégies d’action. Présentées par des spécialistes invités pour l’occasion, ces thématiques sont abordées sous forme d’ateliers interactifs.

Réunis à la Colonie de vacances de la Cézille, à Begnins, 21 jeunes âgés de 20 à 30 ans ont participé au Cours de formation de base à l’action en faveur des droits fondamentaux (CFB), du 3 au 12 avril dernier. Si la majorité des participants viennent d’Afrique et d’Europe de l’Est, la volée 2015 a également accueilli quatre Suisses. «Nous avons reçu 150 candidatures cette année et nous en choisissons 25 au maximum», précise Cédric Chatelanat. Pour être accepté au CFB, il faut impérativement être âgé de 16 à 25 ans (exceptionnellement jusqu’à 30 ans), être engagé dans une association et maîtriser le français. «Même au niveau des collaborateurs de l’association, nous devons avoir moins de trente ans pour qu’il n’y ait pas trop de décalage avec les jeunes qui suivent les cours», explique le coordinateur de 29 ans.

Les dix jours de formation coûtent 500 francs, logement et nourriture compris. «Nous essayons de trouver des bourses pour la plupart de nos participants internationaux. La ville et le canton de Genève ainsi que certaines communes offrent la majorité des bourses. Amnesty Suisse en fournit également deux», ajoute Cédric Chatelanat. Pendant les cours, les jeunes développent un projet qu’ils mettront en place, de retour chez eux. Le Codap, composé d’une vingtaine de bénévoles et de deux postes à 60%, reste en contact avec les jeunes à l’issue du cours pour leur apporter des conseils ou les mettre en relation avec des experts, si nécessaires.

Conflit entre musulmans et chrétiens au Niger

Parmi les participants: Ibrah Abdoulaye Walele, un Nigérien de 24 ans. Cet étudiant en informatique est membre de l’Association Tunfa active dans les domaines de la santé, de la protection sociale et de l’amélioration des conditions de vie de la population. Ibrah Abdoulaye Walele a élaboré un projet pour l’amélioration de la cohésion sociale au Niger. «Depuis que le président du pays a participé à la marche pour Charlie Hebdo en janvier dernier, des conflits entre musulmans et chrétiens ont explosé. Nous n’avions jamais vécu cela avant. Au Niger, 95% de la population est musulmane. Mon projet consiste essentiellement à sensibiliser la population, car certains détracteurs font un amalgame entre les dessinateurs qui ont fait les caricatures et les chrétiens».

Protéger les enfants restés en Moldavie

Cristina Vaschevici, une autre participante, vient de Moldavie et travaille au Centre international pour la protection et la promotion des droits des femmes (La Strada). Son projet concerne la protection des enfants dont les parents partent travailler à l’étranger. «En République de Moldavie, de nombreux parents migrent pour trouver du travail et laissent leurs enfants au pays sous la responsabilité des grands-parents. Ce sont des situations à risque pour les enfants: déscolarisation, consommation d’alcool, milieu psychologique défavorable. Parfois, les enfants sont déscolarisés, car ils doivent aider leurs grands-parents à travailler aux champs. Ils existent de lois pour la protection de l’enfance, mais elles ne sont pas adaptées à ce genre de situation», explique la jeune femme de 28 ans. «Mon objectif est de faciliter l’accès à la protection et de permettre à la société civile de savoir où s’adresser dans ce genre de cas».

Pour des multinationales responsables en Suisse


Lise Cordey, une étudiante de l’Université de Berne âgée de 24 ans s’intéresse à la problématique des multinationales responsables en Suisse. Terminant un mémoire de master sur ce sujet, la jeune femme effectue parallèlement un stage dans l’association Peace Watch Switzerland. «Certaines multinationales suisses nient les droits de l’homme à l’étranger. Par exemple, en déplaçant des communautés d’autochtones ou en ne respectant pas les standards environnementaux. Nous devons lutter au sein de notre pays pour faire cesser ces violations. La Suisse a la plus grande densité de multinationale par habitant, au monde. Nous avons vraiment besoin de mécanismes contraignants», explique Lise Cordey. «Mon projet s’inscrit dans un travail de formation au sein de l’ONG où j’effectue mon stage et de mobilisation de la population face aux multinationales responsables. Il s’agit de trouver quels acteurs mobiliser et comment élaborer un plaidoyer».