Le rapport sur la laïcité accueilli favorablement par les communautés chrétiennes

Le rapport sur la laïcité accueilli favorablement par les communautés chrétiennes

Le Conseil d’Etat genevois a mis en consultation jusqu’à mi-janvier le rapport d’un groupe d’experts chargé de proposer des pistes pour la mise en œuvre des relations entre Etats et communautés religieuses, telles que prévues par la nouvelle Constitution cantonale. Les différentes Eglises chrétiennes ont fait bon accueil à ce texte.

Par Joël Burri

Photo: La cathédrale Saint-Pierre (FAL) Zeke

«Les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses», prévoit la nouvelle Constitution genevoise. Comment appliquer concrètement les différents points liés à la laïcité de la nouvelle loi fondamentale du canton, tel est l’enjeu du processus en cours.

D’abord, un groupe d’expert à travaillé sur cette question et, le 11 novembre 2014 a présenté ses conclusions. Les communautés religieuses avaient jusqu’au 15 janvier pour réagir à ce texte, dit «rapport Cuénod» du nom du président de ce groupe de travail. Rapport d’experts et résultats de la consultation serviront de terreau au rapport final que le Conseil d’Etat présentera ce printemps au Grand Conseil. Cette procédure se conclura par les modifications légales et réglementaires jugées nécessaires pour mettre en application la nouvelle Constitution en matière de laïcité.

Une vision ouverte de la laïcité

«Nous nous réjouissons de voir que ce rapport se démarque de la laïcité de combat, souvent appelée laïcité à la française», souligne Emmanuel Fuchs, président de l’Eglise protestante de Genève. Le rapport du groupe de travail défend, en effet, une vision de la laïcité où toutes les confessions sont traitées sur un pied d’égalité et non une vision qui repousse la religion dans la stricte sphère privée. «Trop souvent jusqu’à maintenant la laïcité est comprise comme l’interdiction faite à l’Etat de toute intervention dans le domaine religieux, rappelle Emmanuel Fuchs. Mais notamment, l’Etat peut, le cas échéant, rappeler à une communauté religieuse le respect du droit commun.»

Du côté des évangéliques, la vision de la laïcité prônée par le rapport Cuénod est qualifiée de «progrès». Michael Mutzner, porte-parole du Réseau évangélique suisse y voit «une compréhension ouverte et non antireligieuse.» Il insiste sur le traitement d’égalité entre Eglises qu’il préconise. Jean-Claude Mokry, curé catholique chrétien, conclut: «Les Genevois sont très attachés à dire que la laïcité à la genevoise ce n’est pas la laïcité d’exclusion de la France, et ce rapport le montre.»

Une place dans l’espace public

Emmanuel Fuchs se réjouit du retournement à 180° que propose le groupe de travail en matière de présence du religieux dans l’espace public. «Le rapport rappelle que le témoignage légitime de sa foi est autorisé, mais que le prosélytisme s’apparente à du harcèlement.» Tout l’enjeu sera de définir les limites entre témoignage et harcèlement.

Besoin d’aide pour les aumônerie

«Sur la question des aumôneries, le rapport d’experts est peut-être un peu éloigné des réalités du terrain», soulève enfin Jean-Claude Mokry qui rappelle qu’aujourd’hui seules les Eglises protestante et catholique romaine peuvent assumer des permanents pour ces fonctions. Pour y remédier, il propose que des traditions diverses puissent avoir une représentation commune. «Si l’Etat est prêt à faire un pas dans le sens des intérêts des religions, peut-être faudrait-il aussi que les religions fassent un pas en direction de l’Etat et se fédèrent pour certaines activités.»

Mais même pour les grosses Eglises, financer les activités d’aumônerie n’est pas facile. «Sur ce point, nous demandons que le dialogue soit poursuivi avec l’Etat, note Emmanuel Fuchs. Avec les aumôneries, les Eglises assument des tâches au nom de l’Etat, puisque les accords internationaux reconnaissent un droit à l’assistance spirituelle, dans les prisons notamment.» Le président de l’Eglise genevoise note d’ailleurs que dans la nouvelle constitution il n’est plus prévu que l’Etat ne finance «aucun culte», mais «aucune activité cultuelle». Une différence qui devrait permettre aux autorités de soutenir les Eglises pour certaines activités sociales.