Les civilistes s’arrachent les postes à l’étranger

Les civilistes s’arrachent les postes à l’étranger

Alors que 30’592 civilistes ont été affectés en Suisse en 2013, seulement 125 ont effectué leur service à l’étranger. Le Neuchâtelois de 23 ans, Sylvain Heiniger, fait partie des rares civilistes à partir. Il s’envole pour sept mois au Rwanda avec DM-échange et mission, ce jeudi 23 octobre.

Photo: Kigali © DM-échange et mission

«Nous recevons une centaine de demandes de civilistes par année, mais seulement quatre à cinq partent avec notre organisation pour travailler chez nos partenaires dans les pays du Sud», lâche Gerda Borgeaud, la responsable de l’échange de personnes au DM-échange et mission. «Si les postes de civilistes sont nombreux en Suisse, les places à l’étranger sont très rares», précise Olivier Rüegsegger, le responsable de la communication de l’Organe d’exécution du service civil. En 2013, 30’592 civilistes ont effectué leur service en Suisse contre 125 à l’étranger.

La candidature de Sylvain Heiniger a retenu l’attention de l’organisation chrétienne. Cet ingénieur en informatique de 23 ans, qui a grandi à Fontainemelon (NE), est parti, ce jeudi 23 octobre, pour sept mois au Rwanda. Civiliste affecté au service administratif de l’Eglise presbytérienne du Rwanda (EPR), à Kigali, il travaillera comme formateur en informatique. «En plus d’apporter un support informatique, je vais normalement créer une base de données pour les écoles afin de répertorier le nombre de filles et de garçons, leur âge et leurs résultats. Cela permettra de suivre l’évolution des enfants, en vue d’améliorer la scolarisation des filles».

Accueilli par une communauté locale

«J’ai choisi de partir avec le DM, car il collabore avec des partenaires locaux qui sont conscients des besoins de la population sur le terrain. De plus, le fait d’être accueilli par une communauté religieuse sur place évite, à mon avis, de se retrouver qu’avec des expatriés ou au contraire tout seul dans un pays inconnu», explique le Neuchâtelois. Sylvain Heiniger a préparé son voyage pendant plus d’une année. «La mise en place du séjour est particulièrement longue, mais elle fait partie de la démarche d’engagement», précise Gerda Borgeaud.

Les candidats dont le dossier est retenu participent à plusieurs entretiens. Différents critères entrent en jeu: «Non seulement les compétences professionnelles du civiliste doivent correspondre aux profils recherchés par nos partenaires sur le terrain, mais ses valeurs éthiques doivent également être compatibles avec celles du DM», ajoute la responsable. Bien que le candidat n’ait pas besoin d’être croyant pour être embauché, «nous souhaitons qu’il participe aux cultes de l’Eglise qui l’accueille, c’est d’ailleurs une bonne manière de s’intégrer dans la communauté locale». Une fois le civiliste sélectionné, il bénéficie d’une semaine ainsi que d’un week-end de formation autour de la diversité culturelle et de la communication, entre autres.

Dix ans plus tard…

Alors que Sylvain Heiniger s’envole pour Kigali, Guillaume Lederrey se remémore l’année qu’il a passée au Rwanda, en tant que civiliste envoyé par DM-échange et mission, entre 2005 et 2006. «J’ai rencontré beaucoup de gens pendant mon séjour. Mais ma plus grande fierté, c’est lorsque le président de l’Eglise presbytérienne du Rwanda a dit dans son discours, lors de la fête pour mon départ, que je faisais partie des leurs».

Egalement ingénieur en informatique, cet objecteur de conscience de 35 ans, a effectué l’intégralité de son service civil au service administratif de l’EPR. «Au début, j’ai dû, partiellement, créer mon propre cahier des charges. Je faisais le tour des bureaux pour voir si quelqu’un avait besoin de moi. Puis, j’ai installé une connexion internet fonctionnelle pour tout le bureau. A mon arrivée, les ordinateurs n’étaient ni câblés, ni en réseau», précise-t-il.

Faire sens

«Ce voyage m’a essentiellement ouvert les yeux sur la différence de contraintes entre la Suisse et le Rwanda. Plusieurs situations m’ont permis de comprendre que les priorités sont différentes d’un pays à l’autre. Par exemple, nous avons changé dernièrement les ordinateurs du bureau dans lequel je travaille. Nous avons estimé que la valeur d’un ordinateur neuf représentait une semaine de travail d’un collaborateur. Compte tenu de la nette augmentation de la qualité de vie de l’employé, ce remplacement se justifie. Au Rwanda, un nouvel ordinateur représente une à deux années de travail. Et bien que tous les ordinateurs soient obsolètes, ils ne peuvent pas être changés. Davantage de collaborateurs sont engagés et cela a, en outre, un sens social».

En 2008, Guillaume Lederrey est retourné en vacances à Kigali. «J’avais gardé très peu de contacts, mais j’ai retrouvé presque toutes les personnes que j’avais rencontrées pendant mon année de service civil».

Cet article a été publié sur:

Le site internet de Voce Evangelica, le 29 octobre 2014.