Neuchâtel propose un service d’aumônerie pour les requérants d’asile

Neuchâtel propose un service d’aumônerie pour les requérants d’asile

L’Eglise évangélique réformée neuchâteloise met en place une aumônerie pour soutenir les requérants d’asile. Pour mener ce projet pilote, intitulé RequEREN, la pasteure Aude Collaud a été engagée à partir du 1
er avril. D’ici quelques semaines, l’aumônerie pourra accueillir les résidents des Centres de Couvet et de Fontainemelon.

Photo: Anneau du droit d'asile sur une porte de la Cathédrale Notre-Dame de Paris © Myrabella

«Nous allons être présents une demie journée à proximité de chacun des deux centres cantonaux», explique la pasteure Aude Collaud. Depuis le 1er avril, cette aumônière de jeunesse dans la région du Gros-de-Vaud – Venoge, est responsable de l’aumônerie RequEREN, à 25%. Pour cette activité qui se déroulera dans des locaux proches des centres de Couvet et de Fontainemelon, elle sera aidée par un groupe de bénévoles.

Des expériences passées ont poussé la jeune femme à postuler pour ce poste. «J’ai eu l’occasion de travailler avec des personnes en détresse notamment en prison et dans la rue. C’est important d’être présent et d’offrir un endroit sans jugement». Les deux centres hébergent environ 160 personnes au total. «Nous sommes encore dans la phase de mise en place, nous nous rendrons compte sur le terrain des demandes et des besoins», ajoute-t-elle.

«L’objectif est d’offrir une écoute et un accueil inconditionnel aux requérants qui le souhaitent», explique la pasteure de l’Eglise évangélique réformée neuchâteloise (EREN) Karin Phildius qui fait partie du groupe qui a initié ce projet. RequEREN est un projet pilote, il a deux ans pour faire ses preuves. Fin 2015, le groupe dont fait partie Karin Phildius devra déjà présenter un rapport d’activité au synode.

«Ce projet a commencé il y a quatre ans, à la suite d’un appel des aumôniers des autres cantons», se rappelle la pasteure. «A cette époque, nous avions créé un groupe de réflexion», précise-t-elle. Deux ans plus tard, le projet reçoit un prix de 50’000 francs de l’EREN qui lui permet d’avancer concrètement. En décembre dernier, le synode a accepté la création d’une aumônerie pour les requérants d’asile et l’engagement d’une pasteure pour diriger ce projet.

«A Vallorbe, l’aumônerie est indispensable»

«Nous sommes le seul service indépendant à l’intérieur du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP), nous faisons le lien entre les requérants et les Suisses», explique la pasteure Antoinette Steiner qui travaille à l’aumônerie du CEP. Créé en 2000, en même temps que le Centre d’enregistrement, l’aumônerie collabore étroitement avec l’Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire (ARAVOH) et le Service d’aide juridique aux exilés (SAJE), tous deux à quelques minutes du CEP.

Quatre aumôniers protestants et catholiques travaillent en alternance, au Centre. «Nous menons jusqu’à dix entretiens par jours, les personnes parlent des raisons qui les ont poussés à quitter leur pays ou de leur famille qu’ils ont perdue. Une bonne partie sont dans des situations post-traumatiques, notamment les réfugiés syriens qui arrivent actuellement», précise Antoinette Steiner. Mais les résidents ne viennent pas que pour des entretiens, ils passent chercher un livre, un jeu, une Bible et surtout un accompagnement dans la prière. «Environ 95% des personnes hébergées au CEP ont une appartenance religieuse – chrétienne, musulmane, bouddhiste ou autre – la foi fait partie de leur vie, beaucoup plus qu’en Suisse».

En plus de l’écoute spirituelle, les aumôniers font aussi un travail d’information et d’orientation. «Certaines personnes ne réalisent même pas qu’elles sont en Suisse». Depuis son ouverture, le centre fédéral a accueilli 37’000 requérants. Les résidents peuvent y séjourner maximum trois mois. Ils sont ensuite orientés vers des centres cantonaux ou obligés de quitter de la Suisse.

Du côté de Genève, un soutien œcuménique depuis 1988

A Genève, l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés (AGORA), offre son soutien depuis 1988. Elle est composée de trois aumôniers et d’une équipe de bénévoles et de civilistes qui sont actifs dans la zone de transit de l’aéroport de Cointrin, dans les établissements de détention administrative de Frambois et de Favra et dans différents foyers de l’Hospice général. Les locaux de l'AGORA se trouvent à Vernier mais il y a une aumônerie oecuménique à l'aéroport.

«Environ une centaine de personnes par année sont hébergées dans la zone de transit. A leur arrivée, elles n'ont pas le droit de sortir de cette zone. La plupart des requérants d'asile qui arrivent en Suisse ont une appartenance religieuse. Il y a une grande demande d'écoute spirituel et c'est essentiel que l'aumônerie soit œcuménique», explique Anne-Madeleine Reinmann, aumônière à l'AGORA. Les requérants qui se trouvent dans les établissements et les foyers, environ 650 personnes, rejoignent, s'ils le souhaitent, l'appartement de l'Association à Vernier. Parallèlement à l'écoute spirituelle, un soutien administratif et pratique ainsi que différentes activités tels que des cours de français ou d'informatique leur sont proposés.

Cet article a été publié dans:
Le quotidien «Le Courrier», dans son édition du 26 avril 2014