Les aumôniers partenaires discrets des hôpitaux

Les aumôniers partenaires discrets des hôpitaux

En 2014, les aumôniers des hôpitaux valaisans seront intégrés dans le secteur des soins. Ni médecins ni psychologues, ces professionnels et leurs auxiliaires proposent avant tout une présence amicale et une oreille attentive. Une offre toujours plus sollicitée.

La chapelle de l'hôpital de Sion (photo: Jean-Louis Pitteloud)

par Anne-Sylvie Mariéthoz, ProtestInfo

«Nous estimons mes collègues et moi, que ce que nous pouvons apporter de mieux c’est notre amitié chrétienne et fraternelle», déclare le pasteur Robert Hasler. Et d’ajouter: «c’est la personne qui fait la rencontre, moi je ne viens pas me pencher sur son cas. Je suis un homme comme un autre, mais je suis prêt à écouter». Il est l’un des quatre bénévoles de la paroisse réformée de Martigny qui effectuent régulièrement des visites aux patients de l’Hôpital. Dans cette localité où la tradition œcuménique est bien établie, la petite équipe collabore étroitement avec les intervenants catholiques. Mais cette réalité n’est pas limitée à la commune valaisanne.

Au CHUV où officient une quinzaine d’aumôniers protestants et catholiques, assurant une permanence 24h sur 24, l’étiquette confessionnelle passe aussi au second plan. Par l’intermédiaire de l’aumônerie, «les personnes qui le désirent peuvent toutefois être mises en contact avec un interlocuteur de leur communauté (chrétienne ou autre)», indique le pasteur Daniel Pétremand.

L’aspect primordial est la dimension d’écoute, d’ouverture à l’autre - «avec un grand ou un petit A», note l’aumônier du CHUV – et c’est bien ainsi que les intervenants, professionnels ou bénévoles, comprennent leur rôle. «C’est un acte gratuit», souligne François Perruchoud, auxiliaire rattaché à la paroisse catholique de Martigny. Ce qui se passe à partir de ces rencontres «ne nous appartient pas». Comme un certain nombre d’autres bénévoles, c’est une expérience personnelle douloureuse qui l’a amené à connaître de près les milieux hospitaliers. Aujourd’hui, il a le sentiment de redonner un peu de ce qu’il a reçu: des éléments de présence et d’encouragement que le personnel soignant a peut-être de moins en moins le temps d’offrir.

Une ressource précieuse pour les collaborateurs

Du fait de leur disponibilité, les services d’aumônerie peuvent effectivement représenter une ressource précieuse pour les collaborateurs et collaboratrices des établissements de soin, qui sont soumis à une pression croissante. Toujours atteignables et ne refusant jamais leur aide, ils fournissent un véritable appui dans certains cas. Notamment en faisant office «de paratonnerre» à l’occasion, comme l’explique le pasteur François Schlaeppi de la paroisse de Sion.

Il arrive en effet régulièrement que le personnel infirmier lui demande de se rendre au chevet d’un tel ou d’une telle, dont la détresse ou l’agressivité dépasse les forces du service. La colère étant parfois «la seule forme de réponse» que trouvent certains patients, lorsqu’ils sont déconcertés par la brutalité d’une situation.

L’hospitalisation constitue toujours un choc en soi, un événement qui déstabilise. «La crise est toujours là, elle peut se manifester n’importe quand», note le pasteur Pétremand. Mais la période de fin d’année, avec son cortège de fêtes et de retrouvailles familiales, accentue certainement le sentiment de solitude de ceux qui n’ont pas pu rentrer chez eux. «Laisser le conjoint seul à la maison, se retrouver soi-même coupé des siens, est une source de préoccupation pour beaucoup», indique le pasteur Schlaeppi, qui a choisi d’effectuer sa visite hebdomadaire le matin du 24 décembre.

Des chorales dans les hôpitaux

Les chorales des paroisses ne manquent pas d’être présentes durant ces fêtes. Comme lors de la messe du 25 décembre à l’hôpital de Sion, où le chœur des jeunes de Bramois est venu en nombre pour animer la cérémonie. L’aula est comble et l’aumônier Zenon Zajac se réjouit devant cette belle affluence «du jamais vu jusqu’ici!» Responsable des équipes de visiteur et visiteuses réparties sur les divers sites hospitaliers valaisans, il ne chôme pas. Outre son travail de coordinateur, il est sollicité pour de nombreux actes pastoraux et pour accompagner les malades et les familles (notamment lorsqu’un proche arrive en fin de vie).

Si l’image attachée à l’aumônerie d’hôpital reste encore «celle du curé qui vient donner l’extrême onction», il affirme que les choses ont bien changé, et ce depuis plusieurs décennies. Il estime pour sa part qu’il intervient véritablement en tant que prêtre dans une moitié des cas, l’autre moitié de ses interventions, ne s’effectuant pas du tout en terrain religieux. Mais c’est là qu’intervient toute la subtilité du rôle d’aumônier, celle d’offrir cette ouverture, sans jamais l’imposer. Comme l’indique le pasteur Pétremand, beaucoup parmi les personnes qu’il rencontre sont croyantes «mais peut-être pas de la manière ecclésiastico-militante, car leur appartenance spirituelle ne s’inscrit pas dans le credo habituel de l’Eglise. Mais déjà on peut en parler, créer une ouverture.»

Dès 2014, les aumôneries valaisannes seront intégrées dans le domaine des soins et c’est un changement que saluent Zenon Zajac et le pasteur Schlaeppi. L’aumônerie du CHUV (qui sert de modèle en Suisse Romande et constitue une référence en francophonie en matière de formation) fait déjà partie du secteur des soins depuis longtemps. Comme le précise le pasteur Pétremand, cela permet en particulier de partager les informations avec l’équipe soignante et d’être reconnus véritablement comme partenaires. «C’est aussi une manière de dire que la dimension spirituelle fait partie de la globalité de l’être, qu’elle a une importance dans ce que l’on met sous le terme de santé ou de maladie, conclut le pasteur Schlaeppi.