Berne: grand rendez-vous oecuménique pour le Jeûne

Berne: grand rendez-vous oecuménique pour le Jeûne

reformiert.info/ProtestInfo -
L'an dernier, 119 parlementaires ont signé un appel pour une 'revitalisation' du Jeûne fédéral. Appel entendu puisqu'un grand rendez-vous oecuménique d'envergure nationale est organisé pour la première fois à Berne samedi soir.

Le Jeûne fédéral? «Je crois que c’était autrefois une journée sans voitures.» - «Ma grand-mère faisait toujours la première tarte aux pruneaux de la saison.» - «N’est-ce pas un jour de recueillement ordonné par l’État?» Trois réponses, choisies au hasard, à une question simple: «Qu’est-ce, en fait, que la ‘Journée du Jeûne fédéral'?» Ces réponses montrent au moins une chose: plus personne ou presque ne sait exactement ce qu’on célèbre concrètement à la mi-septembre, et cela bien que le «Jeûne», comme on a l’habitude de l’appeler pour simplifier, soit un jour 'férié' dans plusieurs cantons. Journée de réconciliation

Le Jeûne tel que nous la connaissons aujourd’hui remonte à l’époque du jeune État fédéral du milieu du 19e siècle. Après la guerre du Sonderbund, le gouvernement a tout mis en œuvre pour réconcilier les cantons réformés et catholiques. Dans ce but, il leur imposa une journée de célébration commune.

Mais les origines de cette journée sont beaucoup plus lointaines. Pendant l'Antiquité, on connaissait des «journées de reconnaissance et de prière» tant chez les juifs que chez les chrétiens. À la fin du Moyen Age, on a vu réapparaître en Suisse l’idée d’une journée de pénitence et d’action de grâces, suggérée par la Diète fédérale. Un document mentionne l’organisation, en 1517, d’une première «Grande prière des confédérés».

Durant la guerre de Trente ans (1618-1648), un jour de l’année a été officiellement fixé, d’abord dans les cantons protestants de la Confédération, pour rendre grâce à Dieu d’avoir préservé la Suisse du conflit. Les autorités surveillaient de près la manière dont leurs administrés respectaient vraiment cette journée, comme en témoignent les arrêts des tribunaux de l’époque: «N. est amendé pour avoir attaché et rentré son blé le Jour de prière…», lit-on par exemple dans un arrêt du Consistoire de 1643. Et quelques années plus tard, le gouvernement précisait que nul ne doit exercer une activité ou accomplir un service «qui lui ferait manquer le sermon.»

Fermeture des auberges

Deux siècles plus tard, le 24 août 1831, les autorités bernoises s’adressaient en ces termes à leurs «chers et fidèles concitoyens»: «Dans le but de faire régner la tranquillité extérieure qui convient à la célébration du Jeûne, nous décrétons que la veille à partir de trois heures de l’après-midi ainsi que toute la journée de la fête solennelle, toutes les auberges devront être fermées à tous, à l’exception des voyageurs étrangers.»

Depuis 1832, par décision de la Diète fédérale, cette journée qui concerne tant les Eglises que les autorités civiles est fixée au 3e dimanche de septembre, exception faite de Genève qui a gardé son particularisme du Jeûne genevois dix jours avant le reste de la Suisse.

En 1848, le gouvernement fédéral a imposé aux catholiques et aux réformés l’obligation d’exprimer leur reconnaissance et de prier le même jour. Au départ, il s’agissait avant tout d’encourager le respect mutuel; par la suite, l’idée de célébrer des manifestations œcuméniques fit son chemin, sur l’insistance des membres des communautés de base de l’Église.

Restauration

Malgré tout, la signification du Jeûne et la connaissance de son sens ont diminué régulièrement. Il y eut même des initiatives politiques pour le supprimer. Les représentants des Églises ont alors essayé de donner une forme plus attrayante à cette journée. Le synode (parlement de l’Église) de Berne a toutefois rejeté en 2009 – pour des raisons de coûts – la proposition d’organiser «une grande manifestation ecclésiale chargée d’émotion».

L’auteur de l’initiative, le député au synode Hannes Studer, n’en a pas moins continuer à défendre son idée. Et cette année, il y aura pour la première fois à Berne, la veille du Jeûne fédéral, une manifestation chrétienne – placée sous la responsabilité commune des Églises nationales et des Églises libres.

Et la tarte aux pruneaux?

Qu’en est-il de la tarte aux pruneaux et de l’interdiction du trafic motorisé le jour du Jeûne – des mythes? Non. La tarte aux pruneaux du Jeûne est mentionnée déjà chez l'auteur bernois Jeremias Gotthelf (1797-1854). Et les routes sans voitures le jour du Jeûne ont été une réalité dans les années 1960. Dans les années 1980, il y a eu des tentatives pour réintroduire cette mesure. Ainsi, cette année encore, le jour du Jeûne, les automobilistes seront nombreux à se presser sur les routes. (FNA)

  • Cette année, pour la première fois un événement aura lieu sur la Grosse Schanze, le jardin urbain au-dessus de la gare à Berne samedi soir. La rencontre se déroule sous l'égide de la le Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC), en collaboration avec la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), la Conférence des évêques suisses (CES), l'Alliance évangélique suisse, les Eglises évangéliques libres suisses et l'organisation "Prière pour la Suisse".
  • Dans le canton de Berne, une prière œcuménique sera célébrée dans de nombreuses églises à l'occasion du Jeûne.

  • L'Eglise réformée de Berne invite comme toujours à la traditionnelle balade du Jeûne, qui emmènera les personnes intéressées de Sornetan à Bellelay.