EERV: Les professions de pasteur et de diacre seront redéfinies

EERV: Les professions de pasteur et de diacre seront redéfinies

Qui fait quoi dans l’Eglise réformée? Avec quelle formation, et quelle fonction? Le synode extraordinaire de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) des 1er et 2 mars a tenté de répondre à la délicate question des ministères, et en particulier de l’évolution des rôles de pasteurs et diacres.

(Photo: Mme Line Dépraz, conseillère synodale)


«Il y aura désormais un acte de reconnaissance propre au diaconat». C’est en ces termes que Paolo Mariani, porte-parole de l’EERV, résume une des principales décisions du synode de ce week-end. Les métiers de pasteur et de diacres, qui sont respectivement 199 et 42 au sein de l'EERV, et jusqu’ici consacrés de manière identique par l’Eglise vaudoise, vont être redéfinis.

«Les critères mis en avant dans les années 70 pour différencier les deux fonctions diacre/pasteur ne sont plus pertinents aujourd’hui», a déclaré, en préambule du synode, Line Dépraz, conseillère synodale. L’idée d’avoir d’un côté le diacre comme bras social de l’Eglise et de l'autre, le pasteur comme porteur de la Parole ne se retrouve, selon l’avis de tous, plus dans les faits.

Proximité actuelle des deux fonctions

Pour pallier la pénurie de pasteurs, plusieurs diacres sont en effet affectés depuis des années à des tâches pour lesquelles ils ne sont pas nécessairement engagés: le prêche, la liturgie, ou d’autres fonctions pastorales, au détriment d’actions sociales ou éducatives. Le Conseil synodal (exécutif) a proposé de redéfinir les rôles et les spécificités de chaque métier, notamment au niveau de la formation, des compétences et de la consécration.

C’est sur ce dernier point que les débats se sont concentrés.* Pour le Conseil synodal, «la consécration a certes à voir avec la vocation dans le sens où elle est une manière de marquer ecclésialement la reconnaissance d’une vocation. Selon Line Dépraz, la consécration est aussi à mettre en lien avec le rôle, c’est-à-dire avec le poids symbolique projeté sur le pasteur et assumé par lui. Il est essentiel que les personnes qui proclament la Parole soient des herméneutes, des interprètes tant de la Parole que du monde ambiant.»

La proclamation est donc à distinguer de l’annonce de la Parole, qui est le rôle de tous, surtout en régime réformé. Mais il s’agit surtout à l'avenir de travailler en équipe en reconnaissant simplement les différentes fonctions bien définies pour chacun.

Les diacres blessés

Cette proposition a reçu un accueil mitigé du côté des diacres. Sur un blog destiné à recueillir leur témoignage avant les débats, certains d’entre eux ont tenu à exprimer leur déception: «Ce qui me frappe, c’est le fossé qui me semble grandir de plus en plus, entre la volonté de tout réglementer et la réalité du terrain», déclare par exemple Bernard Gobalet, diacre pour la paroisse Moudon–Syens. Ou encore: «Je suis très triste de cette proposition de ne plus consacrer le ministère diaconal. La consécration a pourtant été un moment fort de ma vie », explique Danielle Staines, diacre de la paroisse de Cossonay–Grancy.

Le synode a toutefois choisi de valider les propositions du Conseil synodal. La consécration sera désormais réservée aux pasteurs, et il faudra trouver un autre acte liturgique de reconnaissance de ministère pour les diacres. Le synode a tenu à préciser que la consécration déjà accordée aux diacres en fonction ou en formation demeurait évidemment valide. Cette décision ne constitue en outre qu’une déclaration de principe: les modalités précises seront établies dans un rapport du Conseil synodal, qui sera débattu en synode dans un an, en février 2014. Mais, au-delà du problème des ministères, c’est toute la question de la pénurie des vocations qui devra être résolue.

Matthieu Mégevand

*Les deux paragraphes après l'astérisque ont été revus et corrigés.

Rites pour les couples homos:
pas de nouvelle consultation

La question d’un rite pour couples du même sexe, dont le principe a été adopté par le synode en novembre dernier, ne finit pas de faire des vagues. Après une pétition signée par plus de 2900 personnes déposée fin février et réclamant un moratoire sur le sujet, un postulat de l’Assemblée régionale nord vaudoise a été débattu en synode ce week-end.

Il demandait que les conseils de paroisse soient consultés sur l’opportunité d’un tel rite. Pour des raisons de calendrier, mais également parce qu’une consultation sur le type de rite à mettre en place est déjà cours, le postulat a été classé sans suite à une très large majorité.

Le Conseil synodal a toutefois tenu à souligner qu’il entendait les craintes et les inquiétudes de certains paroissiens, et a réaffirmé que les paroisses seraient associées aux discussions sur le nouveau rite pour couples homos.