Accaparement des terres: les oeuvres d'entraide montent au front

Accaparement des terres: les oeuvres d'entraide montent au front

Les banques de développement sont dans le viseur de Pain pour le prochain (PPP) et d'Action de Carême. A l'image de la Banque mondiale, elles favoriseraient de vastes projets agricoles néfastes pour les petits paysans, selon une étude. La Confédération est appelée à agir.

La Suisse soutient plusieurs banques internationales de développement à l'aide de ses recettes fiscales, affirment Pain pour le prochain et Action de Carême dans un communiqué. Les oeuvres d'entraide lancent donc un appel: «Pas d'argent public pour l'accaparement des terres.» Elles sonnent l'alarme à la lumière d'une étude commandée à une chercheuse berlinoise. Birgit Zimmerle la présentait le vendredi 12 octobre lors d'une conférence de presse à Olten.

« Les banques de développement ont pour objectif de réduire la pauvreté et la faim. Or leurs grands projets ont trop souvent un effet contraire », constate Birgit Zimmerle. La situation n’aurait fait que s’aggraver depuis la crise financière. Devenue un bien matériel aux yeux des investisseurs financiers, la terre est de plus en plus instrumentalisée comme un objet de spéculation à haut rendement, affirme la chercheuse, qui a également travaillé pour la Déclaration de Berne pour d'autres projets.

Paysans péruviens touchés

Afrique, Asie, Amérique latine ou Europe de l’Est: peu de régions du globe seraient épargnées par le phénomène. Les droits humains des populations locales sont également souvent bafoués et l'environnement mis à mal. « Les grands projets agroindustriels sont particulièrement néfastes. Au Pérou, j’ai vu des petits paysans perdre leurs terres pour des dizaines d’années, terres dont ils ont besoin à des fins d’alimentation », raconte Yvonne Buschor, responsable du secteur Sud chez Action de Carême.

Le gouvernement suisse doit plaider en faveur de lignes directrices efficaces au sein des organes des banques, tonnent PPP et Action de Carême. « Cela permettrait aux paysans locaux de ne plus se voir littéralement couper l’herbe sous les pieds », explique Miges Baumann, responsable de la politique de développement chez Pain pour le prochain. Et de ne plus se voir privés d’eau puisqu’en accaparant des terres, on acquiert aussi le droit d’utiliser les sources ou l’eau des fleuves pour les grandes plantations.

De plus, les recherches de Birgit Zimmerle montrent que la destination de l’argent des banques de développement et de leurs partenaires manque souvent de transparence. « C'est aussi dans ce sens-là que nous avons écrit au secrétariat d'Etat à l'économie et à la Direction du développement et de la coopération », a expliqué Miges Baumann à ProtestInfo. Les deux oeuvres d'entraide espèrent une réponse. En vue de la session d'hiver des Chambres, elles ont aussi approché des parlementaires pour les sensibiliser à cette question de l'accaparement des terres. (comm./S. R.)

Plus d'infos

Sur la campagne oecuménqiue avenir des oeuvres d'entraide.