2) Catholiques, protestants : un mariage en tandem pour les couples mixtes

2) Catholiques, protestants : un mariage en tandem pour les couples mixtes

Les mariages entre protestants et catholiques célébrés conjointement par un curé et un pasteur sont encore une exception
Si le mariage mixte n’est plus un parcours du combattant, les couples qui l’ont expérimenté ont toutefois dû surmonter certains obstacles, entre autres les pressions familiales.

Pascale, catholique engagée dans la vie de sa paroisse, souhaitait ne pas escamoter la confession de Stéphane, qui est protestant. Le curé et le pasteur à qui ils demandèrent de célébrer leur mariage, sont des amis. Ils travaillèrent main dans le main pour préparer la cérémonie. Les familles ne firent pas pression pour que leur union soit célébrée à l’église plutôt qu’au temple. Les futurs époux se dirent oui en 1982 à l’Eglise St-Robert de Coppet, à mi-chemin entre Lausanne où Pascale habitait et Genève, où résidait Stéphan. Vingt ans plus tard, le couple est l’exemple même de l'œcuménisme familial. Ses trois enfants ont suivi successivement le catéchisme chez les protestants et chez les catholiques. Stéphan est aujourd’hui conseiller de la paroisse protestante de Versoix. Pascale a participé à l’éveil religieux des enfants dans une paroisse protestante, puis donné des cours de catéchisme aux jeunes catholiques. Si le mariage ne s’était pas déroulé de cette manière, Pascale pense qu’elle se serait investie du côté catholique uniquement et la famille aurait passé à côté d’une expérience enrichissante. Aujourd’hui, elle accorde moins d’importance à la confession de celui qui préside à une célébration. « Ce qui importe, explique-t-elle, c’est la reconnaissance de mon investissement personnel dans l’une comme l’autre Eglise. Je vois les choses sous cet angle car j’ai fait tout ce chemin œcuménique. Il me fallait cet équilibre. »

Surmonter la pression familiale

Après quatorze ans de vie commune, Patricia et Stéphane disent avoir la chance de partager leurs différences confessionnelles. Ils n’imaginaient pas de devoir choisir de s'unir devant le curé ou le pasteur. La présence des deux officiants a été la condition qu’ils posaient pour se marier à l’église ; autrement, ils se seraient contentés de passer à la mairie. Le couple a tenu bon, même si la belle-famille de Patricia aurait préféré qu’elle se convertisse au catholicisme. Les pressions familiales furent un plus gros obstacle à une célébration œcuménique que les instances religieuses valaisannes. Seul bémol aux séances de préparation : Patricia et Stéphane ont refusé la proposition du prêtre de choisir d’avance la confession catholique pour leurs enfants. Expérience faite, ils soulignent l’importance de la foi, la motivation personnelle et le respect de la confession de l’autre, pour ne pas céder à la pression sociale.


A Bienne, Nicole et Laurent, mariés depuis une année, ont voulu une cérémonie œcuménique car chacun des deux époux tient à sa confession et qu’aucun ne voulait devoir choisir l’une plutôt que l’autre. La famille de Nicole est protestante, celle de Laurent catholique. Ne connaissant ni pasteur ni pasteur ni curé dans la région,ils ont pris contact avec les titulaires des paroisses catholique et protestante de leur quartier. Les deux hommes d’Eglise leur ont réservé un accueil chaleureux.

Agendas surchargés des ecclésiastiques

D’un point de vue technique, le mariage n’est jamais œcuménique, seule la célébration peut l’être, car c’est le lieu qui détermine le rite. Cependant, des accords entre les Eglises chrétiennes de ce pays autorisent la co-célébration du mariage par un ministre et un curé. Mais, pour des raisons pratiques – agendas surchargés et baisse des effectifs - certains curés et pasteurs n’y sont pas très favorables. A Bienne, protestants et catholiques se sont mis d’accord pour ne plus célébrer de mariage en tandem qu’à de rares exceptions. Charles-Edouard Berthoud, pasteur à Bienne, confirme cette pratique et l’explique par la volonté de ne pas donner l’impression que certaines cérémonies sont plus relevées que d’autres : « Les futurs époux devront de toute manière faire un choix pour leurs enfants, donc autant le faire tout de suite ! ». L’abbé Pasquier à Rumigne dans le canton de Vaud, adopte la même position et trouve que « la dimension œcuménique est tout autant présente si on délègue l’un des deux officiants». Toutefois, aucun ministre ou prêtre ne le refuse de facto.