L’affaire Fatzer plane sur le Synode

L’affaire Fatzer plane sur le Synode

L’organe délibérant de l’Eglise modifiait son règlement ce week-end à Vaulion, alors que la semaine passée un pasteur licencié a entamé une grève de la faim.

Hasard du calendrier, le Synode, organe délibérant de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) se réunissait vendredi après-midi et samedi toute la journée en session ordinaire à Vaulion. Alors que les médias étaient braqués sur l’église Saint-Laurent à Lausanne et son pasteur gréviste de la faim, les délégués débattaient justement en deuxième lecture de modifications du Règlement ecclésiastique sur les points concernant la gestion des ressources humaines et les relations employeurs-employés au sein de l’institution. Une procédure demandée par le Synode, il y a un an à la suite de précédents licenciements et sur laquelle les délégués ont déjà planché lors de la dernière session, en mars. Cette modification devrait notamment amener au remplacement de la commission de discipline par une commission de traitement des litiges, aux pouvoirs étendus.

«Moi je ne veux pas passer des heures à débattre de virgules et des points-virgules alors qu’il y a des urgences dans notre Eglise», est intervenu Pierre Meylan, délégué laïc de la Vallée-de-Joux, dès l’adoption de l’ordre du jour. «Oui effectivement, nous sommes sous le coup d’images que la télévision et les journaux nous ont fait parvenir, et cela nous fait mal», a répondu Xavier Paillard, président du Conseil synodal (exécutif). Il a présenté les évènements qui ont amené au licenciement de Daniel Fatzer de manière détaillée. Insistant sur son comportement envers la journaliste de la RTS et envers la productrice des cultes radio, choisissant sciemment de ne pas tenir compte de leurs indications déontologiques.

Philippe Fonjallaz, du Mont-sur-Lausanne, s’exprimant au nom de la majorité de la commission qui a travaiilé sur ce projet de révision réglementaire, a regretté que le Conseil synodal ait procédé à des licenciements sans attendre la mise en place de la procédure dont débat le Synode. Il aurait espéré «un moratoire». Ils ont invité le Synode à reprendre les cas intervenu après le début de la procédure de révision. Le pasteur Frédéric Keller s’est, quant à lui, dit «préoccupé de l’image que cela donne». Il a dit espérer que le Conseil synodal favorise «une logique du vivre ensemble», plutôt que celle «des maîtres de la loi.» Espérant un comportement prompt à la réconciliation et exemplaire de l’Eglise, il explique: «un individu peut commettre des erreurs, c’est visiblement arrivé à Daniel Fatzer, mais cela ne peut pas être le cas d’une institution!»

Finalement, ce n’est pas ce cas très médiatique de Daniel Fatzer qui interroge le plus le Synode, mais bien celui de cet autre pasteur licencié en toute discrétion il y a quelques semaines. Yael Saugy, de Noville, intervenant au nom de la Commission de gestion a voulu rassurer les délégués. «Nous avons eu accès au dossier. A notre sens, on ne peut rien reprocher au Conseil synodal sur le plan de la procédure.»

Tout au long du débat sur le règlement, divers courants se sont exprimés. Les délégués défendant une pleine liberté des ministres souhaitent limiter les possibilités de licenciement de pasteurs et diacres alors que certains délégués au nom des intérêts des paroisses et autres lieux d’Eglises, voulaient s’assurer que des mesures puissent être prises rapidement lorsqu’un ministre dysfonctionne. Enfin, une poignée de délégués ont insisté sur le fait que l’EERV est déjà un employeur exemplaire, tel Boris Voirol de Grandson qui réagit à la série de licenciements de ces dernières années: «parfois, mieux vaut agir vite que de laisser les choses s’envenimer.»

Les tensions entre ces différents courants se sont particulièrement fait sentir au moment de débattre du dernier article du règlement concernant l’entrée en vigueur des modifications. Alors que le Conseil synodal proposait que le nouveau règlement entre en force le 1er janvier 2017, en même temps que la nouvelle convention collective de travail négociée en parallèle avec l’organisation professionnelle, les défenseurs des ministres licenciés revendiquaient un effet rétroactif au début de la série de congés afin que les ministres concernés puissent recourir à la commission de traitement des litiges. Après une interruption de séance, un compromis adopté à une écrasante majorité a été proposé: 1er juillet 2016. Aucun des cas en cours, ne pourra bénéficier des nouvelles mesures.

La troisième et dernière lecture nécessaire pour clore ce débat n’a pas pu avoir lieu lors de cette rencontre, une session de relevé aura lieu en septembre.