Les racines religieuses de la haine refont surface à Orlando

Les racines religieuses de la haine refont surface à Orlando

Alors que les organisations religieuses expriment leur soutient aux victimes du massacre perpétré dans la nuit de samedi à dimanche dans un night-club gay de Floride, les militants gays rappellent que les religions ont longtemps propagé, et propagent encore, une théologie anti-LGBT.

Photo: Des amis et parents devant le siège de la police à Orlando (Floride) ©RNS/REUTERS/Steve Nesius

par Yonat Shimron RNS/Protestinter

Un an après que la Cour Suprême a tranché en faveur du mariage pour les couples de même sexe dans tous les états des Etats-Unis, et à un moment où tous les sondages montrent que la majorité des Américains sont acquis à l’idée de l’égalité pour les personnes LGBT le massacre d’Orlando (Floride) a choqué de nombreux citoyens, qui croyaient que les droits des gays étaient acquis.

Non seulement le massacre au night-club Pulse a eu lieu durant le mois de la gay pride, alors que les personnes LGBT et leurs soutiens célèbrent les pas faits en direction de l’égalité, mais il a aussi eu lieu dans un club gay, historiquement, un lieu de rencontre sûr pour les personnes LGBT. C’était en particulier le cas à l’époque où ils n’étaient pas les bienvenus dans les autres établissements.

Le tireur présumé, Omar Mateen, 29 ans, était armé d’une arme d’assaut et d’un pistolet, quand il a ouvert le feu au Pulse, tuant 50 personnes. Omar Mateen qui a été tué lors de l’intervention policière était né aux Etats-Unis de parents émigrés d’Afghanistan.

Selon le New York Times, Omar Mateen a appelé le numéro d’urgence de la police peu avant l’attaque pour prêter allégeance à Daesh. Mais selon son père, Mir Seddique, il n’était pas mû par une idéologie religieuse. Il avait, par contre, eu l’air fâché après avoir vu deux hommes s’embrasser sur une plage de Miami quelques mois plus tôt.

S’il fallait retenir une leçon de ce massacre, il semble que ce soit que les personnes LGBT ne sont toujours pas en sécurité et que les enseignements religieux, ou du moins les plus étroits d’entre eux pourraient bien contribuer à la haine envers les gays.

Les responsables religieux, du pape François au chapitre de Floride du Conseil des relations américano-islamiques ont fermement condamné le massacre. Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a déclaré que le pape partageait les «souffrances indescriptibles» des victimes et qu’il «les confiait au Seigneur afin qu’elles puissent trouver le réconfort.»

Des groupes musulmans ont aussi condamné la tuerie. «La communauté musulmane se joint à ses compatriotes américains pour répudier toute personne ou tout groupe qui prétendrait justifier ou excuser un acte de violence aussi épouvantable», peut-on lire dans une déclaration du Conseil des relations américano-islamiques. Le chapitre de Floride a également appelé la communauté musulmane à participer à des dons de sang pour répondre aux besoins des hôpitaux prenant en charge les blessés durant l’attaque.

Mais ces mots de la part de groupe religieux n’ont apporté que peu d’aide aux militants gays. «Il y a une telle dissonance cognitive pour moi quand les responsables religieux nous demandent de prier alors que la majorité des religions du monde continue à promouvoir une théologie anti-LGBT», a déclaré Eliel Cruz, directeur exécutif de Faith in America (Foi en Amérique), une organisation qui tente de mettre fin aux pressions dont sont victimes les jeunes LGBT en raison, disent-ils, des enseignements religieux. «Et ce n’est pas seulement le cas de la foi musulmane. Le christianisme apparaît comme tout aussi mortifère» a ajouté Eliel Cruz, ancien chroniqueur de l’agence américaine d’information religieuse RNS.

Le mois dernier au Congrès, le républicain Rick W. Allen, de Géorgie, a conduit une méditation d’ouverture de séance de groupe en lisant des passages de la Bible qui condamnent l’homosexualité et ceux qui «par leur injustice suppriment la vérité» Rick Allen a lu Romains 1:28-32 «Comme ils ont refusé de reconnaître Dieu, Dieu les a abandonnés à leur intelligence déréglée et, ainsi, ils font ce qu’ils ne devraient pas. (…) Ils connaissent bien le jugement de Dieu: ceux qui se conduisent de cette manière méritent la mort. Pourtant, ils continuent à commettre de telles actions et, de plus, ils approuvent ceux qui les commettent aussi.»

Une poignée de passages bibliques condamnent l’homosexualité. Parmi lesquelles peut-être le plus souvent répété: «Si un homme couche avec un autre homme comme on couche avec une femme, ils se rendent tous les deux coupables d’une action monstrueuse et doivent être mis à mort. Ils sont seuls responsables de leur mort.» (Lévitique 20:13)

De la même manière, le Coran condamne l’homosexualité et recommande la lapidation comme punition: «Vous assouvissez vos désirs charnels avec les hommes au lieu des femmes! Vous êtes bien un peuple qui dépasse les limites. (…) Et Nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie (de pierres)» (Coran 7:80-84)

Mais pour beaucoup de lecteurs modernes des Ecritures, ces passages doivent être lu dans le contexte de l’époque où ils ont été écrits et ne devraient pas être pris littéralement.

Dimanche, des groupes LGBT au travers du pays ont lancé des actions. Equality Florida (Egalité Floride), le groupe de défense des droits civils des personnes LGBT de l’état a lancé une collecte via le site GoFundMe en faveur des victimes du massacre.

Une foule de manifestations et de veillées ont été planifiées dans tout le pays, y compris à Stonewall, l’établissement gay historique de New York, où des émeutes ont éclaté en 1969 en réponse aux descentes de police. Plus de 400'000 personnes étaient attendues pour défiler dimanche à la pride Los Angeles. Les organisateurs ont annoncé que la manifestation débuterait par une minute de silence.

Selon USA Tosay, l’une des propriétaires du club Pulse d’Orlando, Barbara Poma, avait créé l’établissement pour sensibiliser la communauté lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Son frère était mort du Sida. Barbara Poma a ouvert le Pulse sur l’Orange Avenue en 2004 avec un ami Ron Legler. «C’était important de créer une atmosphère chaleureuse incluant tous les styles de vie, dans un décor dont John aurait été fier», a écrit Barbara Poma, sur le site web du club. «Plus important, nous avons appelé le Pulse, le pouls, comme les battements du cœur du John, où il resterait vivant dans le cœur de ses amis et de sa famille.»

Le président Obama, depuis la Maison-Blanche, a tendu la main aux Américains LGBT. «C’est une journée particulièrement déchirante pour tous nos amis, nos concitoyens qui sont lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres», a déclaré Barack Obama, notant que le lieu de ses attaques était «plus qu’un night-club: un lieu de solidarité et d’émancipation où des personnes c’étaient réunies sensibiliser, exprimer leur opinion et défendre leurs droits civils.»