La liberté religieuse en régression dans le monde

La liberté religieuse en régression dans le monde

La liberté religieuse reste la cible «d’assauts sérieux et soutenus» tout autour de la planète, selon le dernier rapport annuel de la Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale

photo: CC(by-nc) Blaine O'Neill

, Washington, RNS/Protestinter

«Dans les meilleurs cas, dans la plupart des pays que nous couvrons, les conditions de liberté religieuse ne sont pas parvenues à s’améliorer», a déclaré début mai Robert P. George, président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF). «Dans les pires, ils se sont laissés entraîner dans une spirale anti-liberté.» L’organe de conseil indépendant recommandait au Département d’Etat d’ajouter la République Centrafrique, l’Egypte, l’Iraq, le Nigéria, le Pakistan, la Syrie et le Vietnam dans la liste gouvernementale des pires pays en termes de Droits de l’homme et de libertés religieuses. Des 17 pays que l’USCIRF considère comme «particulièrement préoccupants», seuls 10 ont été reconnus par le Département d’Etat.

La liste officielle est restée inchangée durant presque une décennie, jusqu’au mois passé, quand le Tadjikistan y a fait son entrée. Dans ce pays majoritairement sunnite, une loi de 2009 particulièrement restrictive permet au gouvernement de réprimer toute activité religieuse indépendante. En particulier celles des autres musulmans, des protestants et des témoins de Jéhovah. Sous couvert de lutte contre l’extrémisme, les autorités multiplient les contrôles et les décisions de fermeture de lieu de prières: durant l’année écoulée, la police a forcé des 1000 de femmes à retirer leur voile et a détenu des milliers de barbus.

«L’incarcération de prisonnier de conscience, y compris de prisonniers religieux, demeure incroyablement répandue», souligne Robert P. George. Il pointe la Chine qui a emprisonné des opposants à une campagne d’Etat de retirer les croix des églises et l’Iran ou le gouvernement à majorité chiite persécute les sunnites, les chrétiens et les bahá'í. Certains représentants de ces religions ont été emprisonnés ou même condamnés à mort pour des motifs contestables et sans lien avec leurs activités. Au Pakistan –que l’USCIRF recommande pour la 14e année de suite de lister comme particulièrement préoccupant, mais qui ne figure pas dans la liste officielle–, plus de personnes sont dans le couloir de la mort ou en emprisonnés à vie à la suite de condamnations pour blasphème quand dans n’importe quelle autre nation au monde.

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque cette année l’attention s’est largement focalisée sur la crise des réfugiés en Iraq et en Syrie, pour laquelle la commission a répété les mêmes recommandations que l’an passé. «En raison de l’ampleur de la crise des réfugiés au Moyen-Orient, nous ne pouvons pas tenir compte de tout ce que nous avons vu», regrette Robert P. George. Il note les conditions répressives pour les minorités dans l’est de l’Asie, ou un activiste de la liberté religieuse a été emprisonné le jour après une rencontre avec un ambassadeur de l’USCIRF. «Le public américain doit comprendre qu’il s’agit vraiment d’une lutte d’opinions. Défendre nos intérêts signifie réellement faire avancer nos valeurs, y compris notre foi dans la liberté religieuse.»

D’autres régions sont à suivre, y compris l’Europe où grandissent l’antisémitisme et la bigoterie anti-musulmans; la Birmanie où se poursuit «un héritage brutal de persécution contre les musulmans rohingya» et l’Inde qui a pris «une trajectoire négative» à l’encontre des chrétiens, des musulmans et des sikhs. Dans ce pays à majorité hindoue, bien que les discours de Premier ministre aient été encourageants, la délégation de l’USCIRF s’est vue refuser des visas en mars.

Dans ce dernier rapport, les bonnes nouvelles sont rares, mais porteuses d’espoir. Dans le texte de l’an passé, le Nigéria, Chypre et le Sri Lanka étaient félicités pour leurs progrès dans la promotion de la liberté et de l’harmonie religieuses. Alors que le Nigéria reste sur la liste des pays particulièrement préoccupants de l’USCIRF, Chypre et le Sri Lanka en ont été biffés.