Un travail d’aumônerie dans la laïque Genève reçoit un label œcuménique

Un travail d’aumônerie dans la laïque Genève reçoit un label œcuménique

L’aumônerie œcuménique des prisons de Genève s’est vue attribuer le label Œcumenica 2016
Ce label distingue les projets interconfessionnels réalisés par des particuliers, des paroisses, des communautés religieuses ou des organisations ecclésiastiques.

«Il s’agit d’une reconnaissance du travail réalisé. Et c’est également une reconnaissance du travail œcuménique au sens large, puisqu’il y a plusieurs partenaires dans ce projet», se réjouit Maurice Gardiol, président du Conseil de l’aumônerie œcuménique des prisons. En effet, les huit aumôniers qui sont engagés à temps partiel proviennent des Eglises protestantes de Genève, catholique romaine, orthodoxe roumaine, de l’Armée du salut et de l’Eglise adventiste. L’Eglise catholique chrétienne participe à la réflexion, mais elle n’a engagé aucun aumônier. Le projet a donc rempli sans problème le critère de la représentativité d’au moins trois Eglises ou courants chrétiens. Il a également répondu aux autres critères d’octroi édictés par la Communauté de travail des Eglise chrétienne en Suisse (CTEC).

En plus de la diversité religieuse des professionnels ecclésiastiques, l’aumônerie œcuménique des prisons assure la formation et la supervision d’un groupe de visiteurs bénévoles de prisons. «Il ne s’agit pas d’un travail d’accompagnement spirituel, comme le font les aumôniers. La vingtaine de bénévoles de ce groupe font les visites que des détenus n’ont pas de la part de leur entourage», explique Maurice Gardiol.

Un travail interreligieux

«L’aumônerie œcuménique répond également aux demandes des détenus qui ne sont pas chrétiens», précise Maurice Gardiol. Dans la prison de Champs-Dollon, 60% de la population carcérale est musulmane. Ainsi, il n’est pas rare que les aumôniers accueillent des personnes d’autres religions pour un entretien. L’aumônerie œcuménique assure également une permanence sur place, «alors que l’imam vient principalement pour la prière du vendredi, d’où l’importance de maintenir les contacts, d’avoir des échanges à partir de certaines questions et expériences, de voir comment se coordonner lorsque nous devons partager le même lieu de culte», poursuit-il.

Ce travail œcuménique est également essentiel d’un point de vue institutionnel. «Il donne une crédibilité envers les autorités pénitentiaires et politiques. Et c’est une garantie qu’on n’est pas là pour faire du prosélytisme, mais qu’on est là pour écouter des personnes, dans leur quête de sens et les accompagner dans leurs questionnements ou leurs cheminements spirituels», explique le président du Conseil de l’aumônerie.

Luzia Wehrle, membre de la commission d’examen du label Œcumenica, a déclaré dans un communiqué de presse avoir été «frappée que cette aumônerie fonctionne de manière discrète, mais très efficace à travers le témoignage de la foi chrétienne vécue». Travail discret en effet dans un canton où la laïcité est reine et où l’aumônerie des prisons ne reçoit aucune aide de l’Etat. Ce sont les Eglises qui assument cette responsabilité jusqu’à maintenant. «Les locaux sont mis à dispositions, mais les salaires sont pris en charge par les communautés des aumôniers», informe Maurice Gardiol. Cependant, la loi sur la laïcité à Genève va probablement faire changer le statut des aumôniers des prisons, ainsi que celui des aumôniers des hôpitaux.

Made in Switzerland

Le label Œcumenica est décerné par la CTEC. Il contribue à soutenir un projet et à le faire connaître au public et au niveau national. Les différents projets, réalisés par des particuliers, des paroisses, des communautés religieuses ou des organisations ecclésiastiques, qui postulent pour ce label font l’objet d’un examen strict. «Ce n’est pas quelque chose que l’on donne comme cela», explique Christiane Faschon, secrétaire générale de la CTEC. Et «quand un projet ne remplit plus les conditions, on peut retirer le label», poursuit-elle.

La CTEC est composée de douze Eglises: la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, la Conférence des évêques suisses, l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse, l’Eglise évangélique méthodiste en Suisse, l’Alliance des paroisses baptistes de Suisse, l’Armée du salut, l’Alliance des Eglises évangéliques luthériennes en Suisse et dans la principauté du Liechtenstein, le Diocèse orthodoxe de Suisse du patriarcat œcuménique de Constantinople, la Représentation de l’Eglise syriaque orthodoxe, l´Eglise orthodoxe-serbe en Suisse, l’Eglise orthodoxe de Roumanie et l’Eglise anglicane en Suisse.

En plus de l’aumônerie des prisons, le label a été attribué aux rencontres œcuméniques de Carême Arve et Lac, organisé par l’Eglise catholique romaine de Genève, l’Eglise Protestante de Genève et la Fédération Romande des Eglises évangéliques. Ce deuxième projet labélisé a pour but d’organiser trois à quatre conférences chaque année, pendant la période de carême, depuis 1976.

Sur les huit projets actuellement labélisés et visibles sur le site de la CTET, six sont romands. Christiane Faschon confirme que «les labels œcuméniques sont très nombreux en Suisse romande, ce qui est moins le cas en Suisse allemande». «Le travail est aussi fort en Suisse allemande qu’en Romandie, mais il n’est pas aussi souvent visible», poursuit-elle.