Les «fenêtres catéchétiques» gardent leur place dans les écoles valaisannes

Les «fenêtres catéchétiques» gardent leur place dans les écoles valaisannes

Réunis en synode à Brigue le 30 avril, les délégués de l’Eglise réformée évangélique du canton du Valais ont décidé de poursuivre la présentation de l’Eglise à l’école malgré la suppression des subventions cantonales. Ces «fenêtres catéchétiques» seront désormais à la charge des paroisses.

et Laurence Villoz

«Nous devons assurer les «fenêtres catéchétiques» car elles permettent d’entrer en contact avec les enfants et les familles au travers de l’école», explique le conseiller synodal Mario Giacomino, de l’Eglise réformée évangélique du canton du Valais (EREV). Dans ce canton, l’enseignement religieux est non confessionnel, mais les Eglises reconnues bénéficient d’une journée annuelle pour se présenter. Ces «fenêtres catéchétiques» étaient entièrement financées par le canton mais pour les réformés la subvention dépassait les besoins et il avait donc été décidé de réduire la subvention aux Eglises de 300'000 à 200'000 francs, le temps que les réformés épuisent les réserves accumulées. La réserve est désormais épuisée mais le canton, en période de restrictions budgétaires, a refusé de revoir ce montant à la hausse.

Et alors que le Conseil synodal (exécutif) avait décidé de garantir cet enseignement jusqu’en juin 2016 en puisant dans les finances de l’Eglise, il a fallu prendre une décision pour la rentrée de septembre 2016. Lors du synode qui s’est déroulé le 30 avril à Brigue, la majorité des délégués a accepté de poursuivre cet enseignement qui se retrouve désormais à la charge des paroisses, autant dans le Haut-Valais que dans la partie francophone du canton. «Ces fenêtres catéchétiques représentent un lien fort entre les paroisses, c’est le seul programme qui est identique au sein de chaque région linguistique», ajoute Mario Giacomino. Le coût par paroisse, qui dépend essentiellement du nombre d’enfants, s’élèvera entre 500 et 3700 francs annuels.

Lors de cette rencontre à Brigue, le nouveau Conseil synodal, élu pour la législature de 2016 à 2020 est entré en fonction. Il est composé de son nouveau président Robert Burri, de Doris Zermatten, de Jean-Luc Borel, du diacre Mario Giacomino et des pasteurs Gilles Cavin et Daniel Rüegg. Le Conseil synodal recherche encore un membre laïc pour être au complet.

Des finances dans le rouge

«J’ai moins le sourire que ces deux dernières années», lâche Jean-Luc Borel, conseiller synodal et trésorier, lors de la présentation des comptes 2015. Une perte de 75'955 francs pour un total des charges de 443'065 francs plonge l’EREV dans les chiffres rouges. Le budget prévisionnel de 2015 prévoyait déjà un excédent de charges d’environ 50'000 francs mais pour plusieurs raisons ce montant a été dépassé de plus de 25'000 francs. «Les produits sont nettement inférieurs à ceux de 2014 car nous n’avons pas eu de recettes extraordinaires», explique le trésorier. De plus, des dépenses supplémentaires ont également fait pencher la balance du mauvais côté.

Face à cette situation, les délégués ont accepté au terme d’une longue discussion les nouvelles propositions du Conseil synodal concernant les contributions par paroissiens et par paroisses ainsi que la dissolution du fonds de Présence protestante visant à augmenter le budget d’exploitation de l’EREV. La clef de répartition pour 2017 s’élève désormais à 2,5% de la masse salariale 2015 des paroisses et à onze francs annuel par paroissiens. De plus, 35'000 francs seront prélevés dans le fonds de Présence protestante.

«Il s’agit de la solution la moins douloureuse possible», souligne Jean-Luc Borel. Ce sentiment n’a pas été de l’avis de tous. «Certes, on a besoin d’argent, mais il faut aller le chercher ailleurs», s’exclame un délégué. La peur d’étrangler les paroisses était palpable, bien que le Synode (organe délibérant) reconnaisse l’urgence de la situation. Plusieurs délégués ont aussi rappelé que cela fait près de 20 ans que la question de l’augmentation des contributions est sur le tapis. «C’est la seule façon d’échapper à un désastre dont on parle depuis plusieurs années», constate le pasteur Philippe Genton qui partira bientôt à la retraite. «On ne va pas attendre que l’EREV fasse faillite pour qu’on se questionne», tonne un autre délégué.