Réfugiés: prudence avec les baptêmes!

Réfugiés: prudence avec les baptêmes!

Alors qu’en Allemagne de nombreux réfugiés se convertissent au christianisme, le pasteur Helge Hohmann, expert en matière d‘immigration s’inquiète pour leur sécurité. Il appelle à une meilleure protection des minorités dans les structures d’accueil et invite les Eglises à imposer une préparation très rigoureuse à tout réfugié souhaitant être baptisé.

Photo: Un baptême d’adulte CC(by-nc-nd) Denis De Mesmaeker

, Schwerte (DE), EPD/Protestinter

Le responsable de l’immigration pour la paroisse de Schwerte, en Rhénanie-du-Nord–Westphalie, estime que les communautés religieuses devraient mieux prendre en compte la situation de ceux qui prétendent au droit d’asile. En effet, il ne faut pas oublier qu’une demande d’asile est susceptible d’être refusée, conduisant au retour de la personne dans un pays musulman: «il faut en parler avec les réfugiés, pour s’assurer qu’ils sont conscients des conséquences de leur baptême», a déclaré Helge Hohmann à l’agence de presse protestante allemande EPD.

Si le nombre de réfugiés se faisant baptiser a augmenté, ce n’est pas parce que l’Eglise a intensifié sa démarche d’évangélisation, affirme Helge Hohmann. «Je n’ai pas non plus l’impression que des réfugiés décident de se faire baptiser parce qu’ils pensent que cela facilitera la procédure de demande d’asile.» Cette attitude est rigoureusement écartée lors de la préparation du baptême, assure le pasteur. Selon lui, il s’agit de simple mathématique: comme le nombre de réfugiés augmente, le nombre de baptêmes de réfugiés augmente également. Or, dans certains pays musulmans, un musulman converti au christianisme risque la peine de mort.

D’après un sondage mené dans les paroisses de l’Eglise protestante de Westphalie, certains réfugiés qui souhaitaient se faire baptiser se sont sentis menacés dans leur centre d’hébergement, déclare le théologien. Il ne s’agit cependant pas d’un phénomène généralisé. «Il est toutefois possible que des convertis ou des réfugiés qui envisagent de se convertir subissent une certaine pression dans les centres d’accueil des réfugiés.»

Selon Helge Hohmann, il est presque impossible pour un réfugié musulman converti à la foi chrétienne de le cacher. En effet, le baptême a généralement lieu lors d’un office religieux public, et la communication parmi les réfugiés est bien organisée. En outre, les personnes concernées s’expriment parfois plus ou moins ouvertement sur le sujet.

Pour Helge Hohmann, il est nécessaire d’améliorer la protection des minorités dans les structures d’accueil des réfugiés, non seulement pour les chrétiens et convertis, mais aussi pour les personnes d’orientation sexuelle différente ou pour les femmes voyageant seules. L’expert appelle à insister auprès des gérants de ces structures afin qu’ils s’impliquent davantage dans la protection des minorités.

Ainsi, la Rhénanie-du-Nord–Westphalie a aménagé des centres d’hébergement réservés aux femmes voyageant seules ainsi qu’à d’autres personnes ayant besoin de protection. Mais la situation est particulièrement problématique dans les centres provisoires d’hébergement, ajoute Helge Hohmann, car il ne s’agit souvent que de structures temporaires où toute intimité est impossible. L’Eglise protestante de Westphalie a par ailleurs entamé un dialogue avec le ministère de l’Intérieur afin de plaider pour une réforme des centres de premier accueil.