X-Files fâche avec ses stéréotypes sur l’islam

X-Files fâche avec ses stéréotypes sur l’islam

Série culte des années 1990, la diffusion de X-Files reprend avec une dixième saison inédite, diffusée 13 ans après l’abandon de ce programme. Les Suisses ont pu assister à cette renaissance vendredi 19 février sur RTS deux et les Français en profiteront dès jeudi 25 sur M6. Aux Etats-Unis où le cinquième épisode de cette saison de six épisodes a été diffusé, des voix s’élèvent pour dénoncer des stéréotypes religieux.

Photo: Ed Araquel/Fox

, RNS/Protestinfo

A la vue de la dernière aventure de Mulder et Scully diffusée aux Etats-Unis, les critiques parlent d’un sérieux faux pas. Dans le cinquième épisode de cette minisérie, intitulé «Babylon» et diffusé dans la nuit du 15 février sur FOX, il est question de champignons magiques et de terroristes musulmans fatigués. L’intrigue tourne autour d’un attentat-suicide à Ziggurat, une galerie texane présentant des images controversées du prophète Mohamed. Un scénario qui rappelle la fusillade qui a eu lieu l’an passé au Texas, lors d’une exposition de la militante anti-islam Pamela Geller.

Ecrit et réalisé par le créateur de la série Chris Carter, l’épisode débute par un plan sur Shiraz, un jeune musulman en pleine prière de l’après-midi dans une pièce sombre, quelques minutes après lui et un conspirateur entrent dans la galerie avec une ceinture d’explosifs, et mettent la rue à feu et à sang.

L’épisode est fréquemment entrecoupé d’images d’hommes barbus préparant des bombes pour une autre attaque, tout en récitant des prières coraniques. L’arabe est la langue par défaut de tous les suspects musulmans et de leurs familles. «Dans cet univers, la diversité des populations musulmanes tout autour de la planète est réduite à un symbole monolithique», écrit Ismat Sarah Mangla, journaliste spécialisée en religion de l’International Business Times. «Les rares fois où l’on voit au cinéma ou à la télévision des musulmans qui prient normalement comme le font 1,6 milliard de personnes chaque jour, ou qui font d’autres activités associées à l’islam, c’est quand ils sont sur le point de commettre un attentat.»

Cet épisode a été diffusé moins de deux semaines après que le président Obama a lancé un appel à l’industrie du divertissement pour des représentations de l’islam qui ne soient «pas toujours en lien avec la sécurité nationale». Une demande faite lors de sa première visite, en tant que président des Etats-Unis, d’une mosquée américaine. Par cette intervention, il dénonçait la présentation de l’islam dans des séries telles que «Homeland» et «24 heures chrono» et critiquait également l’acceptation tacite de l’émission de Nasim Pedrad, «Chad: An American Boy» (Chad, un garçon américain), prochainement diffusée sur Fox.

De la Tour de Babel à la virginité de Marie en passant par la pose classique en piété du Christ, cet épisode de X-Files a recours à une lourde imagerie religieuse pour mettre le doigt sur des questions spirituelles plus larges telles que la nature et la volonté de Dieu.

Chris Carter déclare qu’il souhaitait présenter un message allant au-delà du stéréotype du musulman terroriste, mais selon les critiques il n’a pas tenu cette promesse, échouant lourdement et maladroitement. «Ce qui aurait pu être une réflexion profonde sur la religion, Dieu, la liberté et la puissance est devenu une farce qui perpétue les stéréotypes au sujet des musulmans et des immigrants», analyse Rim-Sarah Alouane, doctorante à l’Université Toulouse 1 Capitole dans un article publié par la revue numérique Ummah Wide. «Des gens ont été tués et des vies détruites: ce n’est pas un sujet de comédie», poursuite la chercheuse en dénonçant le ton léger employé pour parler de violence extrémiste.

Certains téléspectateurs ont peut-être été rebutés par l’usage fait par les héros de substance hallucinogènes afin d’obtenir du subconscient comateux de Shira, l’adresse des terroristes. Mais les fans de la série sont habitués à de tels sauts imaginaires dans le paranormal.