Les réformés défendent leurs temples

Les réformés défendent leurs temples

Bien que les réformés diversifient les événements dans leurs lieux de cultes, ils restent profondément attachés à la fonction religieuse de leurs églises

Photo: Le temple de Fleurier © Pierre Bohrer/celebrer.ch

On croyait les réformés détachés de leurs lieux de culte: apéro à la fin des célébrations dominicales, soirée Tango à l’Eglise Saint-François et divers événements culturels. Mais le récent incident d’un pasteur «indépendant» interdit de présider un service funèbre dans l’Eglise de Fleurier (NE), relaté par le quotidien Le Matin, montre que la situation est tout autre.

«Théologiquement, les églises sont des lieux fonctionnels qui permettent le rassemblement pour le culte dominical», explique Olivier Bauer, professeur de théologie pratique à l’Université de Lausanne. «Mais dans les faits, cela fonctionne différemment. Les gens investissent beaucoup plus qu’une vertu fonctionnelle dans l’église. Par exemple, il y a le temple où ils ont vécu des moments importants de leur vie, comme leur mariage ou leur baptême. Et souvent, ils aiment y revenir lorsqu’ils grandissent ou lors d’événements particuliers, à Noël» ajoute le théologien. «On ne devrait pas s’attacher aux lieux, mais on est tous sensibles».

Concernant le cas de Neuchâtel, «le conseil paroissial n’a pas reçu de demande préalable pour que ce soit un pasteur extérieur à l’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel qui effectue cet enterrement», explique le pasteur Christian Miaz, président du Conseil synodal de l’EREN. Alors qu’en Suisse romande, la majorité des temples appartiennent aux communes ou aux paroisses, tout événement extérieur à l’église cantonale se négocie avec les Conseils de paroisse.

Double autorisation

Dans le canton de Vaud, «toutes activités, concerts, réunions, services funèbres, organisés par une autre instance que la paroisse, qui a l’usage de l’église, requièrent la double autorisation du conseil paroissial et de la commune», explique le pasteur Jean-Michel Sordet, membre du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).

Des conventions avec les catholiques et les évangéliques leur permettent d’utiliser les lieux de cultes réformés dans des circonstances particulières. «Pour toutes les autres situations, il n’y a pas de texte légal. Elles sont évaluées au cas par cas. Il faut toutefois tenir compte des questions de décence et de respect des lieux», précise Jean-Michel Sordet qui ajoute que l’EERV est rarement confrontée à des demandes extravagantes.

Concernant les demandes de mariages ou d’enterrements laïcs dans des temples, «nous estimons que des cérémonies sans représentant religieux n’ont pas lieu d’être dans une église. Mais il y a des exceptions. Par exemple, il est arrivé que les proches d’une personnalité ayant joué un rôle important dans son village, souhaitent un service funèbre laïc dans l’église du village. Dans ce cas on pourrait entrer en matière», ajoute le pasteur.