Faut-il assurer un enseignement religieux à l’école enfantine?

Faut-il assurer un enseignement religieux à l’école enfantine?

L’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg propose un enseignement religieux à l’école enfantine en collaboration avec l’Eglise catholique, depuis la rentrée 2013
Une évaluation de cette phase pilote a permis de faire le point, lors du synode du mardi 1er décembre.

Photo: CC (by-nc-nd) Howard county library system

«L’enjeu est de savoir si nous poursuivons cet enseignement religieux dans les classes enfantines. Personnellement, je pense que c’est une responsabilité des Eglises», lâche la pasteure Sarah Badertscher, responsable du service de formation de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg (EERF), lors du synode du 1er décembre, à Posieux. Depuis la rentrée 2013, un enseignement religieux consistant en cinq rencontres de 90 minutes, par année, dans les classes enfantines et prodigué par des binômes protestant et catholique, s’est déroulé dans 13 écoles francophones et une germanophone du canton de Fribourg. A la rentrée 2014, le projet s’est poursuivi dans 18 écoles francophones au total. Les classes germanophones ont abandonné cette formation.

Les cours sont organisés par les paroisses protestantes et les unités pastorales catholiques qui le désirent avec le soutien des Eglises cantonales. L'EERF compte 16 paroisses, les six d'entre elles qui ont participé au projet pilote sont francophones, sauf celle de Fribourg qui est billingue. «Nous devons dialoguer les uns avec les autres. Notre Eglise doit montrer sa présence», souligne le président du synode, Pierre-Alain Sydler.

L'école enfantine obligatoire

Depuis 2013, l’école enfantine est devenue obligatoire dans le canton de Fribourg permettant ainsi aux Eglises protestante et catholique qui bénéficient d’un droit constitutionnel de prodiguer un enseignement religieux pendant les heures de classe dans le cadre de la scolarité obligatoire, de proposer un enseignement. Si ces cours sont confessionnels dans le primaire, ils sont œcuméniques dans le projet pilote en classe enfantine.

Une récente étude auprès des différents acteurs ayant participé au projet a permis d’évaluer l’expérience vécue et de réfléchir à une éventuelle pérennisation de cet enseignement. Si 91% des catéchètes espèrent que le projet se poursuive et 80% des paroisses et des unités pastorales ont considéré la phase pilote comme un moteur pour continuer cet enseignement, la moitié des enseignants estime n’avoir pas reçu d’informations satisfaisantes concernant le projet. «C’est nouveau pour tout le monde. Cette évaluation ainsi que celles qui suivront ouvrent la discussion et permettront d’ajuster ce programme, s’il est poursuivi», précise Sarah Badertscher. Une table ronde pour les paroisses est organisée le 20 janvier 2016, de 19h à 21h30, à la salle paroissiale du temple de Fribourg.

Une plateforme cantonale protestante et catholique

Lors de cette rencontre, le synode a également accepté, après débat, la création d'un Conseil des Eglises réformée et catholique fribourgeoise (CERECAF), «une plateforme de discussion et de collaboration au plan cantonal». Si les délégués ont tous soutenu la démarche, ils ont toutefois fait part de leurs craintes quant à la forme concrète de cette plateforme. «C’est une excellente idée que de se présenter ensemble, réformés et catholiques, face au canton, mais il faudrait clairement énoncer les compétences et les tâches d’un tel conseil», a souligné un délégué. «Est-ce que cette commission va renforcer le dialogue avec le Conseil d’Etat», a demandé un autre membre.

«La création de ce conseil officialise le travail que nous faisons déjà avec les catholiques, notamment dans le cadre des aumôneries dans les hôpitaux. Vis-à-vis de la société civile, tous les signes d’unité sont les bienvenus», a souligné le président du Conseil synodal, Pierre-Philippe Blaser. Du côté catholique, la hiérarchie devra avaliser la création de cette plateforme.

Un poste vacant au Conseil synodal

Par ailleurs, les délégués ont élu les membres du Conseil synodal pour la législature 2016 à 2019. Alors que les conseillers Martina Zurkinden-Benes et Hans-Ulrich Marti ne se sont pas représentés pour un mandat supplémentaire, Franziska Grau Salvisberg a proposé sa candidature qui a été largement acceptée. Les autres membres ont tous été réélus. Ainsi, le Conseil synodal se compose du pasteur Pierre-Philippe Blaser, président, de Thérèse Chammartin, de Monique Johner, des pasteurs Andreas Hess et Martin Burkhard et de Franziska Grau Salvisberg, nouvellement élue. Comptant sept membres au complet, le Conseil fait face à un poste vacant qui sera probablement repourvu au synode de mars 2016.