Photo: couverture du rapport, DR

, Canterbury, RNS/Protestinter

La commission islamique des droits humains a publié mardi 17 unrapport de 270 pages qui démontre que la haine est devenue la nouvelle norme envers les musulmans qui vivent Grande Bretagne. Basé sur l’interview de plus de 1700 musulmans britanniques, le rapport présente l’inquiétude croissante de cette communauté en ce qui concerne l’augmentation des abus, de la discrimination et de la violence tant verbale que physique à leur égard.

Dans ce rapport titré «Environnement de haine: la nouvelle normalité pour les musulmans au Royaume-Uni», on peut lire que ce climat de haine est «délibérément attisé» par les médias et les politiciens.

Le rapport parle des discriminations au travail qui progressent sournoisement et explique que plus de la moitié des Britanniques musulmans ont été témoins d’attaques islamophobes de 2010 à 2014. «Il ressort des conclusions de cette recherche que les musulmans du Royaume-Uni se sentent visés par les médias et les institutions politiques, qui selon la perception des musulmans, contribuent fortement à la détérioration du climat, au renforcement des partis d’extrême droite et de groupe racistes anti-musulmans. C’est pourquoi ils se sentent mis sous pression et doivent modifier leur comportement. Dans certaines situations, ils se sentent délibérément visés par le gouvernement et la classe politique.»

Ce rapport a largement circulé au Moyen-Orient grâce à des journalistes arabes qui avaient participé à la rencontre où il a été présenté. Il a également suscité des débats dans les milieux médiatiques et académiques en Angleterre. L’ancien archevêque de Canterbury, Rowan Williams a déclaré que les conclusions de ce rapport étaient «de graves reproches quant aux valeurs et idéaux humains de notre société.»

Les universitaires musulmans étaient plus réticents à commenter, expliquant qu’ils avaient besoin de digérer entièrement le contenu de ce rapport volumineux et détaillé. Mais Fiyaz Mughal, directeur de «Tell Mama», une organisation qui répertorie les incidents anti-musulmans, a déclaré que son groupe pense que la Commission internationale des droits humains pourrait avoir sous-estimé l’importance des crimes de haine à l’encontre des musulmans. «Nous savons que la sous-déclaration dans les communautés musulmanes est un problème important et que les chiffres réels pourraient être beaucoup plus élevés.»

Avec ses 2,7 millions de membres, la communauté musulmane britannique est la 2e plus grande communauté religieuse du pays et fait partie de celles qui ont la plus forte progression. Elle a augmenté d’environ trois quarts au cours des 10 dernières années.

Beaucoup voient ce rapport comme un appel à une prise de conscience. Alors que d’autres pensent qu’il était attendu depuis des années.

Certains endroits en Angleterre, particulièrement dans les Midlands, sont considérés par beaucoup comme des quartiers musulmans interdits d’accès. On estime qu’entre 450 et 600 jeunes britanniques ont quitté l’Angleterre pour la Syrie où ils se battent aux côtés de Daesh (et parfois, reviennent en Grande Bretagne).

L’opinion publique envers les requérants d’asile s’est endurcie. Le Premier ministre David Cameron a promis d’accueillir 20’000 Syriens d’ici la fin de la décennie. Et la semaine passée un sondage de YouGov montrait que 49% des personnes interrogées pensent que la Grande-Bretagne devrait accepter moins ou aucun réfugié.

Les observateurs politiques estiment que pour la première fois les musulmans britanniques doivent affronter la haine comme norme, alors que le pays était autrefois reconnu pour son hospitalité.