Les migrants au cœur des préoccupations des réformés de Suisse

Les migrants au cœur des préoccupations des réformés de Suisse

L’assemblée des délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse s’est tenu lundi et mardi à Berne. Le secrétaire d’Etat aux migrations a fait le point sur la situation de réfugiés. Le financement de l’aumônerie pour les requérants d’asile dans les centres fédéraux a été adopté et dans son message d’accueil. Et le président du Conseil a rappelé que les croyants ont reçu le mandat d’aider.

Photo: Le pasteur vaudois Laurent Zumstein interpelle le secrétaire d’Etat aux migrations Mario Gattiker sur la question des renvois Dublin.

«L’Etat a toujours pu compter sur la société civile pour venir en aide aux réfugiés», a rappelé Mario Gattiker, secrétaire d’Etat aux migrations, lundi devant les délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Dans un bref rappel historique, il a souligné que si aujourd’hui cette tâche revient à l’Etat, jusqu’en 1940, l’aide aux migrants dépendait uniquement de la société civile, Eglises en particulier. Aujourd’hui, pour face à la crise migratoire exceptionnelle que nous vivons, le secrétaire d’Etat espère pouvoir compter sur cette bonne collaboration avec les acteurs civils.

Une intervention qui a fait réagir le pasteur Laurent Zumstein, délégué de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud: «Pour faciliter la coopération, souffrez que je vous interpelle sur la question des renvois Dublin. Comment peut-on renvoyer des personnes dans des pays qui n’ont plus les moyens de les accueillir convenablement? Mon Eglise peine à y trouver une justification éthique.»

Les accords de Dublin prévoient, en effet, que les demandes d’asile soient traitées par le pays par lequel le migrant est entré dans l’Espace Schengen. Les autres pays ont alors le droit de renvoyer vers ce pays d’entrée, les personnes qui viendraient leur demander l’asile. Or, les pays d’entrée en Europe: Grèce, Italie, Hongrie sont tout simplement dépassées par l’afflux de migrants. La fin de ces renvois purement administratifs est, d’ailleurs, la principale revendication du collectif qui occupe le temps de Saint-Laurent à Lausanne.

Mario Gattiker a assuré que la Suisse prenait toutes les précautions requises avant de procéder à un tel renvoi. «Aujourd’hui, nous ne renvoyons plus sur la Grèce, et sur la Hongrie nous procédons au cas par cas», a assuré le haut fonctionnaire. «Mais la Suisse ne doit pas non plus vouloir résoudre tous les problèmes de l’Europe! Les autres pays doivent également assumer leurs engagements.»

Durant cette même session de l’assemblée des délégués de la FEPS, qui s’est tenu lundi et mardi à Berne, un financement de 350’000 pour 2016, destiné à venir en aide aux Eglises cantonales qui doivent assumer des services d’aumônerie dans des centres de la Confédération, a été voté à l’unanimité. Et Gottfried Locher, président du Conseil, a consacré son message d’ouverture de Session à la question migratoire. Accueillant lui-même une jeune Erythréenne dans sa famille, il a rappelé que venir en aide était justement la mission confiée par le Christ à l’Eglise.

La FEPS regroupe 24 Eglises réformées cantonales, l’Eglise méthodiste et l’Eglise évangélique libre de Genève. Cette organisation faitière représente donc 2,4 millions de protestants suisses.