Un groupe reste exclu du mouvement scout américain: les athées

Un groupe reste exclu du mouvement scout américain: les athées

Même s’il y a eu des changements concernant le choix des chefs scout, cette fonction est notamment ouverte aux gays désormais, il y a encore des millions d’Américains qui ne correspondent pas à l’un des prérequis pour prendre la tête d’un groupe scout: celui qui concerne les croyances religieuses.

Photo: CC(by) Roy Niswanger

«USA Today»/RNS/Protestinter

La religion a toujours été à la base du mouvement boy-scout, dont le serment inclu un devoir de faire «mon devoir envers Dieu et envers mon pays.» Bien que les scouts américains soient très proches du mouvement protestant YMCA (Union chrétienne de jeunes gens), l’organisation se décrit comme absolument «non confessionnelle» et accueille toutes les fois. Il en va autrement des non-croyants.

Ceux qui n’ont pas de conviction religieuse ne peuvent pas devenir membres des boy-scouts –une politique qui exclut une partie large et grandissante de la population. Selon une récente étude, 23% des Américains ne s’identifient pas comme religieux.

«Les boy-scouts d’Amérique maintiennent que l’on ne peut pas grandir et devenir un citoyen de la meilleure trempe si l’on ne reconnaît pas le moindre devoir vis-à-vis de Dieu», peut-on lire parmi les statuts de l’organisation dans la déclaration des principes religieux

Le bulletin d’adhésion pour les jeunes prévient: «seules les personnes qui souscrivent à la déclaration des principes religieux, aux statuts et codes des boy-scouts d’Amérique ont droit à un certificat d’adhésion. En outre, les règlements précisent que seuls ceux qui acceptent les principes religieux peuvent occuper une position dirigeante»

«En fin de compte, il serait contre-productif pour les boy-scouts de renoncer à propager les valeurs et compétences du scoutisme parmi ceux qui se considèrent comme athées, agnostiques ou non croyants», analyse Tom Krattenmaker, rédacteur spécialisé dans la religion dans l’espace public. «De plus en plus de jeunes sont élevés dans des foyers non croyants, pourquoi l’organisation se priverait-elle de l’occasion de servir et d’influencer ces garçons?»

Libre choix des groupes locaux sur la question de l’homosexualité

Fin juillet, 80% du comité des scouts a approuvé une résolution mettant fin à l’interdiction pour les gays d’accéder à des postes de responsables adultes. Les groupes scouts peuvent désormais choisir, individuellement d’accueillir des responsables gay. «Par ce vote, le scoutisme américain prouve qu’il regarde vers l’avant, pas vers l’arrière», déclare Zach Wahls, 24 ans, Eagle scout (le grade le plus élevé des scouts d’Amérique) et directeur général de «Scout pour l’égalité.»

Mais en laissant le libre choix aux groupes de continuer à bannir les gays, les boy-scouts renouent, en fait, avec leur histoire. Cette mesure rappelle celle qui a permis la discrimination raciale au sein du mouvement scout une large partie du XXe siècle. Bien que les scouts n’aient jamais ouvertement défendu la discrimination raciale, le mouvement a permis à des conseils locaux d’établir leurs propres politiques raciales. Durant la période des lois de ségrégation raciale, les noirs ont été confrontés à des inégalités dans les troupes qui se formaient dans les états du Sud. Certains s’opposaient même à ce que les noirs puissent porter l’uniforme scout. David I. Macleod, auteur de «Building Character in the American Boy» (forger le caractère du garçon américain), qui traite des débuts du scoutisme, relate qu’à Richmond en Virginie, des responsables scouts ont menacé de bruler publiquement des uniformes si un noir était autorisé à le porter.

Discrimination raciale jusqu’en 1974

La politique autorisant chaque troupe à mettre en place une politique discriminatoire en fonction de la race a perduré jusqu’en 1974, lorsque l’association nationale pour la promotion des gens de couleur NAACP a intenté un procès contre le mouvement scout après qu’un enfant âgé de 12 ans s’est vu refuser un poste dans une troupe mormone parce qu’il était noir. A cette époque, les troupes scouts de l’Utah exigeaient de leurs chefs qu’ils soient présidents d’un collège de l’Eglise des saints des derniers jours. Comme les noirs n’avaient pas accès à la prêtrise chez les mormons, cela signifiait que les noirs ne pouvaient pas être responsables scouts dans la plupart des troupes de l’Utah. Les règles ont été changées et les poursuites abandonnées.

L’Eglise mormone a été l’une des principales opposantes dans le débat sur des chefs scouts gays. «Admettre des dirigeants ouvertement gay est incompatible avec les valeurs de l’Eglise sur lesquelles se fondent traditionnellement les valeurs des scouts d’Amérique», a déclaré l’Eglise mormone dans un communiqué après le vote concernant cette question.