Un tribunal américain condamne les thérapies de réorientation sexuelle

Un tribunal américain condamne les thérapies de réorientation sexuelle

Une organisation juive qui proposait des thérapies pour «guérir» l’homosexualité a été jugée coupable de publicité mensongère et de tromperie à la consommation. Les plaignants ont bénéficié de 72'400 dollars de dommages et intérêts.

Photo: Les avocats des plaignants à l’issue du procès Rachel Benaim/RNS

(RNS-Protestinter)

Un jury du New Jersey a déclaré coupable d’escroquerie à la consommation une organisation qui proposait des thérapies pour convertir des homosexuels à l’hétérosexualité. Trois hommes gays et deux parents de personnes ayant participé au programme ont poursuivi une organisation juive qui propose de «guérir» l’homosexualité (Jews Offering New Alternatives for Healing, JONAH), stipulant qu’elle faisait de fausses déclarations dans ses publicités et la vente de son programme, tout en utilisant une pratique commerciale abusive.

Après deux heures et demie de délibérations, les sept jurés ont attribué 72'400 dollars de dommages et intérêt aux cinq plaignants. Le programme de conversion de JONAH consistait, entre autres, en des séances de thérapies individuelles et en groupe où on demandait aux clients de se déshabiller et de se toucher en présence de leurs thérapeutes et de battre une représentation de leur mère avec une raquette de tennis.

Les plaignants ont affirmé les directeurs de JONAH, Arthur Goldberg et Elaine Berk ainsi qu’un de leurs conseillers Alan Downing avaient violé la loi du New Jersey sur le droit de la consommation en assurant que leurs méthodes étaient prouvées scientifiquement.

Escroquer des personnes en détresse

«Mes clients avaient besoin d’aide», explique James Bromley, un des avocats des plaignants. «Ils sont allés en demander à JONAH. JONAH a menti et a rendu leur situation encore plus difficile». La défense a soutenu que l’idéologie et les méthodes de cette organisation étaient non seulement scientifiques, mais aussi basées sur les valeurs juives.

En février dernier, le juge Peter Bariso a statué que c’était une violation de la loi sur le droit à la consommation que de considérer l’homosexualité comme une maladie mentale. C’était la première fois qu’une telle décision a été rendue dans un tribunal des Etats-Unis.

En 2013, le New Jersey a rejoint la Californie pour interdire les thérapeutes agréés de prodiguer des thérapies de conversion aux mineurs. L’Oregon et l’Etat de Washington ont également adopté cette position. Le mois passé, un projet de loi considérant les thérapies de conversion ainsi que la publicité pour changer d’orientation sexuelle comme une fraude, a été soumis au Congrès.

Revivre des abus sexuels pour «guérir»

Chaim Levin, un des homosexuels qui a porté plainte, a expliqué avoir été contraint de revivre les abus sexuels qu’il avait subis dans le but de «guérir» de son homosexualité. On lui a ainsi demandé d’enlever ses vêtements devant un miroir pour faire face à «la honte de son corps». Son conseiller, Alan Downing, se tenait derrière lui, le regardait, et lui a demandé de toucher son «membre viril».

La défense a affirmé que leurs méthodes – y compris les week-ends virils – étaient prouvées scientifiquement et aidaient les personnes qui «se mettaient au travail». La défense avait amené des témoins pour montrer le succès de leurs pratiques. Les avocats de JONAH ont également cité des passages de la Bible pour soutenir leur cause. Ils ont aussi évoqué le droit de leur client au Premier amendement pour définir l’homosexualité comme un trouble spirituel.

Les jurés n’ont pas été convaincus.

En quittant le tribunal, Arthur Goldberg a déclaré: «Nous espérons être innocentés en appel. Cette décision n’est pas juste.»